Extrait du journal

Les jeunes gens apprendraient comment la recherche de la vérité peut être une opération longue et périlleuse. Us connaîtraient, ses adversaires redoutables qui se nomment : la paresse, la lâcheté, les passions, la complaisance et la haine quand ils nç s'appellent pas tout simplement : raison diktat. Us verraient, ces jeunes gens, combien le combat est difficile et comme la victoire peut être fragile. Us sauraient qu’une vérité victorieuse peut fort bien ne pas s’accompagner de la justice, et ils apprendraient comment une amnistie qu’on veut « apaisante * et qui n’est, qu’injurieuse, en libérant l'innocent peut sauver les coupables. Oui, les jeunes gens de 1948 pourraient méditer sur les victoires mutilées, sur l’essoufflement de la justice et sur cette fausse pacification qui ne bénéficie qu'aux salauds. Us verraient comment un général Mercier, convaincu de forfacture, put, par le même acte qui reconnaissait l’innocence de sa victime, être mis hors de cause, siéger au Sénat et lui, le déshonoré, recevoir des mains de Charles Maurras l’épée « d’honneur » payée par ces mêmes souscripteurs qui, quelques années auparavant, prétendaient élever un monument au colonel Henry, faussaire d’étatmajor...