Extrait du journal

L fut un temps où les républicains n’auraient pas même imaginé qu’il put être po— bible d’avoir, de la liberté de la presse, deux conceptions différentes. Avocat à la Cour impériale de Paris, Edouard I.aferrière publiait en 1868 un livre sur « la censure et le régime correctionnel » ; il faisait courageusement précéder son étude d'une lettre d’Eugène Pelletan. Et celui-ci, journaliste devenu depuis 1864 député d'opposition, écrivait : « La presse — libre bien entendu, car la presse qui n’est pas libre n’est pas la presse, elle n’est qu’une flatterie payée — la presse rend service à un peuple, non seulement par ce qu’elle fait, mais aussi par tout ce qu’elle empêche de faire au besoin. » Il n’y avait alors qu’un problème moral. Quel démocrate n'aurait pas été d’accord pour dénoncer et combattre la pression du pouvoir ? Un problème d’argent l’y ajoute aujourd'hui, par suite de l’évolution qui s’est produite en 75 années dans le monde des journaux comme pour l’ensemble des grandes entreprises. Pourquoi faut-il que les voix soient désormais discordantes ?...