Extrait du journal

Mais 1 Eg ise a une dernière tâche à remplir ; elle n’y faillira pas. Pour elle, qui croit non seulement à la justice de Dieu, mais aussi à sa bonté et à sa clémence, prier pour ceux quo la mort a moissonnés, c’est plus qu’une consolation, c’est un devoir. Et quel temps a-telle choisi pour cet anniversaire? Aux douces et lié les journées où le soleil brille, où la joie et la vie circulent dans l’air, les fêles joyeuses cl splendides. Mais le deuil appelle le deuil : la doulcur.de l’âme se plaît au: milieu des tristesses de la nature — Venez avec moi, vous qui avez quelqu'un ^ pleurer, vous qui avez enseveli dans le dernier asile une paît de vous-mêmes , une mère adorée, une épouse qui vous aidait à porte.* le fardeau de la vie, un enfant qui faisait la joie de v >tre foyer, qui éclairait de son sourire votre cœur maintenant froid et vide, venez , nous suivrons la foule qui erre h travers ccs croix, sur le sol glissant et humide, au milieu d’un silence solennel. Le souffle do l’automne gémit tristement, et fait tourbillonner les feuilles amoncelées, qui frémissent sous nos pas. Une longue file d'hommes, de femmes en deuil s’avance, la croix en tète, dans l’enceinte où dorment les morts, tandis quo la voix grave du prêtre et des fidèles se môle au bruit du veut qui passa à travers les hautes mauves et les noirs cyprès. Mais hélas! mou regard se détache de cette scène touchm'e,... N’ai-je pas ici mon sentier tout tracé? N’ai-je pas , moi aussi, dans cette enceinte, quelqu’un.qui m’a aimé, qui m’aime encore ! ... Marchons. .. C'est là , sous celte terre froide et humide, à l’ombre épaisse de ces arbres, qu’elle dort de son long spmmfiil ! — Pauvre mère I... c’est là qu’ils t’ont mise, c’est là qu'ils t’ont cachée ii mes regards , mais non pas à. mon cœur. . Mon Dieu ! je croyais avoir pleuré toutes mes larmes, et je la pleure encore ! Oh ! c’est que rien, rien dans les affections de la terre ne i peut remplacer, cpt amour! Voilà six ans qu’elle nous...