Extrait du journal

La poésie n’est pas morte en ce siècle de l’industrie. | Des esprits découragés se lamentent on vain sur l’état d’a- I abaissement où les belles lettres semblent tombées.Malgré le I développement toujours croissant du commerce et de la mé- I conique, malgré lés scandales donnés en ces derniers temps I par la littérature marchande, la poésie n’est pas morte. Elle 1 vit encore au fard d'une foule d’âmes qui l’honorent avec I d’autant plus d’amour et de respect que le monde affiche I pour elle plus de mépris. L'éloge que Cicéron faisait des bel- I les lettres est aussi vrai de nos jours qu’au temps du poète Archias. Combien de jeunes cœurs qui trouvent encore dans I les éludes littéraires un refuge assuré qui les met à i’abrié I malheur, une consolation qui les aide à supporter les maux I de la vie I Adversis étudia perfugium ac solarium probent. L’anéantissement complet de tout éUn poétique serait le signe le plus fâcheux de la décadence d'une nation. Ce I signe prouverait la prédominance exclusive des intérêts ma- I sériels, l’oubli total des idées spirituelles et des espérances qui s’y rattachent ; mais les nations chrétiennes ne laisseront jamais s’éteindre le feu sacré de la poésie, et le monde I * entendra des voix poétiques tant qu’il y aura des lèvres heu- I...