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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 2 août 1891

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
2 août 1891


Extrait du journal

Les choses viennent de se passer à Toulouse exactement comme à Bor deaux. L’autorité municipale s’est en tremise entre les employés de tram ways, qui avaientproclamé la grève, et les Compagnies. A Bordeaux, elle a relevé le prix des places, et la Compa gnie fait profiter son personnel de cette augmentation de ressources : c'est le public qui paye. A Toulouse, elle a décidé l’abandon des « droits de stationnement » que la ville percevait; la Compagnie fera de ce chef une éco nomie qu’elle devra consacrer à l’amé lioration des salaires. Mais il faudra que la ville se procure d’autres res sources pour compenser sa renoncia tion : ce sont les contribuables qui payeront, sous une forme à découvrir. Tels sont les résultats de ces grèves. Les moyens employés ont été, dans l’un et l’autre cas, la violation du droit des employés qui voulaient continuer le travail, l'émeute dans la rue, le tu multe. « On ne peut dire, écrit triste« ment le Journal des Débats, que force « soit restée à la loi. C’est, en définitive, « la violence qui a eu 1e dernier mot..» En effet. L’exemple est donné. Les ouvriers et employés des chemins de fer, par exemple, se diront que, s’ils ont échoué une première fois, c’est faute d’avoir eu suffisamment recours à la violence. Qu'ils recommencent, qu'ils réussis sent, et le résultat sera le même que pour les tramways: les concessions qu’ils arracheront aux Compagnies et qui se traduiront par un supplément de dépenses pour celles-ci, aboutiront il une charge nouvelle pour les contri buables, puisque l’Etat garantit le re venu des actions. Il peut se rencontrer des cas où la grève soit légitime : supposez des en treprises réalisant des bénéfices exa gérés par l’exploitation d’un person nel ouvrier réduit à la misère. Ces grèves-là sont sûres d’être couronnées d’un prompt succès. Là où de telles si tuations existent encore, les ouvriers sont fondés à faire valoir et à exercer tous leurs droits. Mais y a-t-il, à l’heure actuelle, en France, des entreprises se livrant à cette inhumaine et coupable spéculation sur l’ouvrier? Il est per mis d’en douter. Une chose du moins est bien certaine : c’est que les der nières grèves n’ont révélé à la charge des «employeurs» qui en ont été les victimes aucun abus de ce genre. 11 s’a gissait d'employés qui gagnaient de quoi vivre et dont il était notoirement impossible, dans l'état des n fini res dos Compagnies, d’augmenter la rétribu tion. Les prétentions étaient excessi ves, déraisonnables; sans les excita tions de certains meneurs des syndi cats, elles n’auraient pas même été produites, et surtout elles auraient échoué sans la force immense que l’organisation syndicale met aux mains des ouvriers. Aussi est-il facile de constater, dans une grande partie de l'opinion, une réaction considérable contre la loi qui autorise les syndicats. Le parti républicain n'a jamais eu de goût pour la liberté d’association. Voyez plutôt son parti pris d’enterrer tous les projets, quelle qu'en soit la provenance, dont le but serait de Dé tendre ; il leur fait à tous le même sort, qui est la fosse commune. M.Spuller constate très justement aujourd’hui que cette liberté, pas plus que celle (l’enseignement, ne figurait dans la « Déclaration des droits de 1793 ». Il se demande, en conséquence, si l'on peut dire de ces deux libertés qu’elles sont de vraies libertés ? Mais oui ; et la répugnance des jacobins affirme plus haut que tout le reste leur caractère, au lieu de l'infirmer. Nous qui sommes les vrais libéraux, nous voulons, au contraire, que le droit d'association soit largement re connu par la loi — nous ne disons pas établi, car il est de droit naturel. Nous reprochons aux républicains de ne l avoir jusqu’ici admis qu’en matière de syndicats ouvriers ; mais avec quelles restrictions ! Qu'il suffise de rappeler que l’extension de la loi de 1884 aux intérêts agricoles fut le ré sultat d’un simple hasard. Et en même temps qu’il y a une surabondance de restrictions, il y a une absence funeste de précautions. Les révolutionnaires, doublement servis par l'imprévoyance du législateur et par la faiblesse du pouvoir, s’emparent des syndicats ; en les rendant malfaisants, il les mettent en péril. Partout et toujours ils usent du même procédé. Exemple : une loi de l'année dernière conféré aux ouvriers mineurs le droit de nommer des dé légués qui exerceront une mission de surveillance, au point de vue de la sé curité sur les travaux souterrains. Il sémble que cette mission soit bien dé limitée. Que font les candidats aux fonctions de délégués? Ils rédigentdes programmes politiques ; ils soulèvent toutes les questions d’ordre social ; ils promettent de s immiscer dans tout ce 3ue ne comportent pas les fonctions e délégués. Pas plus tard qu'hier, le...

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Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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