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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 2 décembre 1840

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
2 décembre 1840


Extrait du journal

du matin le cercueil était à découvert dans la fosse. Après l’en avoir retiré intact, on procéda a son ouverture, et le corps fut trouvé dans un état de conservation inespéré. En ce moment solennel, à la vue des restes si recon naissables de celui qui fit tant pour les gloires de la France, l’émotion fut profonde et unanime. « A trois heures et demie le canon des forts annonçait à la rade que le cortège funèbre se mettait en marche vers la ville de James-Town. Les troupes de la milice et de la garnison précédaient le char recouvert du drap mortuaire, dont les coins étaient tenus par les généraux Bertrand et Gourgaud, et par MM. de Las-Cascs et Marchand ; les autorités et les habitants suivaient en foule. Sur rade, le canon de la frégate avait répondu à celui des forts, et tirait de minute en minute; depuis le matin les vergues étaient en pantenne, les pavillons à mi-màts et tous les navires français et étrangers s'étalent associés à ces signes de deuil. Quand le cortège a paru sur le quai, les troupes anglaises ont formé la haie, et le char s'est avancé lentement vers la plage. « Au bord de la mer, là où s’arrêtaient les lignes an glaises, j'avais réuni autour de moi les officiers de la divi sion française. Tous, en grand deud et la tète découverte, nous attendions l'approche du cercueil ; à vingt pas de nous, il s’est arrêté, et le général gouverneur, s avançant vers moi, m’a remis, au nom de son gouvernement, les restes de Vempereur Napoléon. « Aussitôt le cercueil a été descendu dans la chaloupe de la frégate, disposée pour le recevoir, et là, encore, l’émotion a été grave et profonde : le vœu de l’empereur mourant commençait à s'accomplir ; ses cendres reposaient sous le pavillon national. Tout signe de deuil a été dès lors abandonné ; les mêmes honneurs que l’empereur aurait re çus de son vivant ont été rendus à sa dépouille mortelle, et c’est au milieu des salves des navires pavoisés, avec leurs équipages rangés sur les vergues, que la chaloupe, escortée par les canots de tous les navires, a pris lente ment le chemin de la frégate. « Arrivé à bord, le cercueil a été reçu entre deux rangs d’officiers sous les armes, et porté sur le gaillard d arrière, disposé en chapelle ardente. Ainsi que vous me l’aviez prescrit, une garde de soixante hommes, commandée par le plus ancien lieutenant de la frégate, rendait les honneurs. Quoiqu’il fût déjà tard, l’absoute fut dite, et le corps resta ainsi exposé toute la nuit; M. 1 aumônier et un officier ont veillé près de lui. « Le 10, à dix heures du matin, les officiers et équipages des navires de guerre et de commerce français, étant réunis à bord de la frégate, un service funèbre solennel fut célé bré ; on descendit ensuite le corps dans l’entrepont, où une chapelle ardente avait été préparée pour le recevoir. « A midi, tout était terminé, et la frégate en appa reillage ; mais la rédaction des proces-verbaux a demandé deux jours, et ce n est que le 18 au matin que la BellePuulc et la Favorite ont pu mettre sous voiles. L’Oresle, parti en même temps, a fait route pour sa destination. « Après une traversée heureuse et facile , je viens de mouiller sur rade de Cherbourg, à cinq heures du matin. « Veuillez, amiral, recevoir l’assurance de mon res pect. « Le capitaine de la Belle-Poule, « F. d’Orléans. »...

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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