Extrait du journal

d’heure, et comme je connais le prix du temps, j’ai choisi un dimanche. La Bourse est fermée. — Mettez-vous là, répondit Gabriel, qui la conduisit vers un large fauteuil qu’il poussa près du feu... Mon temps est à vos ordres. -— Vous allez voir que c’est plus sérieux que vous ne pensez. Elle s’assit, et tirant un crayon de sa poche, ouvrit le livre qu’elle avait ap porté. Alors, d’un air grave, et mettant le doigt sur une page marquée d’un signet : — Savez-vous, mon ami, combien nous avons dépensé depuis le jour où vous m’a vez épousée ? — Je ne m’en doute vraiment pas. — Cinquante mille francs à peu près. Si vous voulez prendre la peine de regarder la page que voilà, vous en verrez le dé compte exact et le chiffre total à la suite. — En efl’et, quarante-neuf mille six cent trente-huit francs et vingt centimes. — Et je ne parle pas de cinq mille francs que vous me servez en dehors de cette somme, et qui tombent dans ma bourse particulière. — Ils représentent les revenus annuels de votre dot placée en rentes sur 1 Etat. Il est donc juste que l’emploi de cette somme vous appartienne. — Nous avons donc à nous deux plus d’un million, mon ami? M. Duchassaing partit d’un grand éclat de rire. — Un million ! s’écria-t-il ; mais si je l’avais, nous aurions un liôtel et nous re cevrions la cour et la ville 1 — Avec un million ! voilà qui me passe! — C’est bien clair! nous vivrions sur le pied de gens qui ont deux ou trois cent mille francs de rentes. — Expliquez-moi cela, je vous prie; j’avais toujours cru qu’on ne dépensait ja mais que le revenu de la fortune qu’on a. — C’est le vieux jeu, un jeu usé et dé modé ! Et l’industrie, ma chère ! Est-ce que l’expérience que j’ai acquise dans , le maniement des affaires, mon flair, mon tact, mes connaissances en matière de finances ne représentent pas un capital aussi ! En lui donnant une valeur égale à celle du capital métallique avec lequel j’o- |...