Extrait du journal
que le litre dont elle procède. Celui-ci est brisé par la victoire du peuple. De plus, l’occupation actuelle de la chaire, malgré le mérite de M. Wallon, ne saurait se prolonger. Il importe à la Répu blique de témoigner qu’un enseignement agréé par le précé dent titulaire diffère de celui que le nouveau Gouvernement entend faire donner à la jeunesse. C’est ce que nous recom mandent instamment les raisons politiques de l’ordre le plus élevé. Dans celte situation, j’ai l’honneur de vous proposer, M. le ministre, d’appeler à cette chaire, comme chargé provisoire ment du cours, M. Henri Martin. M. Henri Martin a consacré toute sa vie à l’élude la plus sérieuse de l’histoire de France. Il s’est appliqué à aider la nation à juger ce qu’elle doit deve nir, en lui montrant ce qu elle a été et selon quels principes s’est accompli jusqu’ici son développement. Les travaux de M. Henri Martin sur l’histoire de France ont été commencés en 1833, et poursuivis sans interruption avec un patient et solide labeur jusqu’à présent. Quatorze vo lumes de son ouvrage ont paru et permettent de juger parfai tement du mérite et des principes de l’auteur. En 1844, l’A cadémie des inscriptions et belles-lettres, frappée de l’étendue et de la valeur de l’œuvre, décerna à Fauteur le grand prix fondé par M. Gobert en faveur de l’ouvrage le plus savant sur l’histoire de France; et quoique plus portée, par l’esprit de son institution, à favoriser les livres d’érudition spéciale que les histoires générales et philosophiques, elle sanctionna ainsi par un titre officiel ce qu’avait déjà indiqué le suffrage public. Récemment, M. Henri Martin a marqué plus clairement encore qu’il ne le pouvait faire dans son histoire, les prinipes d’après lesquels il juge le passé de la France et entrevoit son avenir. Arraché à ses paisibles études par le sentiment d’in dignation que l’état de la France soulevait dans tous les cœurs honnêtes, il publia, sous le titre de la France, de son génie et de ses destinées, un livre de la plus haute portée, conçu en vue d’une action plus prompte et plus directe que son histoire. C’est en quelque sorte le résumé de l’esprit de son grand ouvrage. M. Henri Martin s’attache avant tout, dans ce livre, au point fixe de la nationalité, menacée à la fois par les sectes qui réduisent tout à l’individu, et par ceffes qui prétendent absorber l’individualité dans la communauté. 11 rappelle la nation à elle-même, en lui remettant sous les yeux les gloires de son passé, et en protestant avec un énergique patriotisme contre la pensée de la décadence de la France, qui préoccupait alors tant d’esprits timides, et devant laquelle l’Europe tout entière demeurait pour ainsi dire en suspens. Dans sa conclu sion, il salue le réveil de l’Italie, dont les premiers symptômes éclataient alors, et invoque entre la France et l’Allemagne une alliance qui doit faire cesser les désordres de l’Europe et assurer la liberté du monde. M. Henri Martin aurait pu s’engager depuis quinze ans dans l’université, où son mérite, si bien constaté par la déci sion de l’Académie, lui donnait toutes les chances d’un avan cement honorable. Il a mieux aimé, au détriment de ses in térêts personnels, servir l’enseignement public dans une voie moins régulière, mais plus indépendante de la monarchie. C’est un litre que la révolution nous fait aujourd’hui un de voir de reconnaître pleinement, et que je vous prie, monsieur le ministre, de vouloir bien sanctionner, en chargeant provi soirement M. Henri Martin de la chaire d’histoire moderne de la faculté de l’aris. Veuillez agréer, monsieur le ministre, mon salut respec tueux et fraternel. Le secrétaire général du ministère de l'in struction publique et des cultes, Edouard Charton. Sur le rapport du secrétaire général, le ministre provi soire de l’instruction publique et des cultes, arrête : M. Henri Martin est chargé provisoiremont de la chaire d’histoire moderne à la faculté des lettres de l’Académie de Paris. Paris, le 5 avril 1848. Carnot....
À propos
Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.
En savoir plus Données de classification - wallon
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