Extrait du journal

consolation des impuissants. Il n’est point de nullité qui n’attribue son insuccès à la malveillance des coteries, à l’envie des cri tiques, à la perversité des confrères. Mais je crois peu aux talents incompris, aux chefs-d’œuvre inconnus, et je me de mande avec ma naïve logique comment le? coteries s y prendraient pour escamo ter le public. Je comprends que des pauvres hères voués à la stérilité n’as sistent pas sans rage à l’éclosion des jeu nes talents qui leur ôtent de vive force la place qu’ils convoitaient au soleil. Mais que peuvent leurs cris ? Se plaindre, c’est dénoncer sa faiblesse. L’armée coalisée des impuissants ne saurait pas plus dé truire une belle œuvre quelle ne saurait la créer ! L’épouvantail des sots, c’est surtout la critique, cette pauvre critique qui sera une des gloires du dix-neuvième siècle et dont on a tant médit ! Eh bien, il faut le dire, si elle se montre parfois partiale, c'est dans ses indulgences. Il n’est point un auteur sifflé qui ne l’accuse et n® la mau disse. Tout délinquant donne au diable le gendarme qui l’arrête, mais l’honnête homme salue la gendarmerie. La critique ne fait peur qu’aux écrivailleurs : l’homme de talent ne la craint pas, c’est le plus sùr de ses auxiliaires. Avec de pareilles convictions sur la ma tière, on comprend que je ne m’arrêtai pas aux avis de mon ami Perron, et, huit jours après l’arrivée de Mary, je com mençai un roman....