Extrait du journal
vices à mon excellent maître, et, pour sti muler mon ardeur, celui-ci m’accorda des appointements qui me permirent bientôt de mettre de l’argent de côté et de faire de sérieuses économies. C’est qu’aussi j’avais un but, et avoir un but, c’est tout dans la vie. Je voulais créer une position honorable et aisée pour pou voir la faire partager à celle qui possédait mon cœur et qui devait, un jour, être ma femme. C’était Judith. Judith, dont Ije vous ai souvent parlé, Judith, que j’ai mais déjà à cette époque comme je l’aime aujourd’hui, et comme je l’aimerai toute ma vie. Hélas! je ne me doutais pas, quand je lui donnai mon affection, que je lui de vrais un jour de pareilles souffrances. Elle était toute petite alors, et déjà si belle que, dans la rue, tout le monde se retournait pour la voir. Les mères ne pouvaient s’empêcher de dire, non sans un senti ment de jalousie : « Mon Dieu I la jolie enfant. » Je l’avais remarquée entre tou tes nos petites camarades, car elle était avec moi au Walt Weeshuis; et bien qu’il ne fût point permis aux garçons de pénétrer dans le quartier des filles, je m’ar rangeais toujours de façon, soit en allant au temple, soit en sortant pour la prome nade, à me trouver près a’tlle pour lui adresser la parole et lui donner des Uoop/‘es, ou d’autres bonbons que j’achetais avec mes économies. Elle était plus jeune que moi de deux années et il me semblait que ton cœur et le mien avaien* été formées pour s’aimer et pour se comprendre 1 Lorsqu'elle sortit de l'orphelinat, elle avait près de dix-neuf ans, et moi j’en avais vingt et un. Je n’hésitai pas à lui deman der si elle voulait être ma femme, et je dois dire que je le fis presque sans émotion, car il semblait impossible qu’elle refusât. Elle voulut réfléchir et consulter les ré gents de la* maison. Cela était tout na turel et j’en fus même heureux, car il me sembla que c’était une preuve que son es prit était devenu sérieux avec l’âge, et qu’elle était incapable d’agir à la légère. Les régents lui dirent beaucoup de bien de moi. J’étais un des enfants les plus travailleurs et les plus rangés de la maison. Chaque quinzaine, quand on allait toucher mon salaire, on recevait des compliments...
À propos
Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.
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