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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 6 septembre 1849

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
6 septembre 1849


Extrait du journal

été réservée pour les autorités civiles et militaires, et les parties latérales étaient occupées par les familles accourues en grand nombre pour assister à cette fête si aimée des élèves. A deux heures, la séance a été ouverte par le dis cours officiel, qui a été prononcé par M. Russet, agrégé, pro fesseur de mathématiques spéciales. L’orateur a traité, avec autant d’élévation de pensée que d’élégance de style, la ques tion de l’avantage des fortes études. M. le préfet de Saône-et-Loire, qui, à sa qualité de pre mier magistrat du département, joignait le titre de délégué de M. le recteur de l’Académie de Dijon, et, comme tel, prési dait la cérémonie, a pris la parole en ces termes : « Jeunes élèves, chers amis ! « Si le privilège de mes fonctions me procure aujourd’hui la douce satisfaction d’applaudir, le premier, à vos succès, de couronner vos efforts, de vous distribuer les encouragements que mon cœur est heureux de vous offrir, je manquerais aux devoirs de ma tâche, si je n’essayais de vous faire entendre quelques vérités utiles, de vous donner des conseils salutaires, avec toute l’affection que votre jeune âge m’inspire. « Cette solennité, où tant de citoyens viennent, en quel que sorte, scruter l’avenir en interrogeant les progrès de votre génération ; ce brillant et gracieux auditoire, où vos mères et vos sœurs confondent leurs émotions dans une tendre et même sollicitude, vous montrent assez quel prix la société attache à vos travaux. « Il m’est doux de le dire, j’ai hâte de le déclarer : sous la ferme direction d’un administrateur éclairé, vous justifiez notre sollicitude en ouvrant, avec une ardeur dont ils sont fiers, vos jeunes intelligences aux savantes leçons de profes seurs dont j’apprécie le zèle et les talents. Continuez, conti nuez, chers amis, à fortifier les espérances que la plupart d’entre vous font concevoir à leurs familles, à nous tous qui vous chérissons comme nos enfants bien-aimés, car nous sa vons que sur vos têtes reposent l’avenir et la grandeur de la patrie. La science est la gloire, la force des Etats; c’est au jourd’hui le seul sceptre du monde! Dans un pays où règne l’égalité, elle forme entre les citoyens la seule différence; elle les élève aux postes les plus honorables, et, dans l’adversité, la science devient encore la consolation du sage. a Mais laissez-moi le dire avec toute la force d’une con viction lentement formée dans le tourbillon des affaires et dans la pratique de la vie : la science n’est pas tout; elle est l’aliment et l’instrument de l’esprit. Le cœur veut davantage. Vous vivez sous une République : il vous faut acquérir les mérites qui distinguent les citoyens libres ; vous grandissez sous une République chrétienne, il faut vous efforcer d’en avoir les vertus. « L’étude de l’antiquité vous montre de fiers républicains qui méprisaient les richesses et domptaient la douleur pour ne point sentir mollir leurs âmes dans les dangers de la pa trie. Puisez, jeunes élèves, dans ces modèles illustres, les exemples que doit se proposer votre courage. Que, dès vos plus- tendres années, les hommes de Plutarque, qui furent la gloire de leurs siècles, vous tracent la carrière que vous devez parcourir et vous fassent voir le but ou doit tendre votre per sévérance. La patrie, un jour, réclamera le secours de vos bras. Préparez-vous à lui tout immoler. Que la grandeur, la puissance, la gloire de notre belle France soient l’objet de vos vœux et de vos rêves ! « Quel plus noble pays, quelle nation plus généreuse mé riterait mieux de captiver vos cœurs? Est-il un peuple qui, malgré ses defauts, ses fautes et ses revers, ait plus de droits à l’admiration et à la reconnaissance du monde? Toujours à la tête de la civilisation, c’est lui qui en trace le premier les sillons pénibles; c’est lui qui, pour en faire avancer les pro grès, prodigue son sang le plus pur. Nos pères ont illustré les champs de bataille de leur valeur héroïque, pour porter jadis aux confins de la terre les bienfaits de la croix, et, dans des temps plus rapprochés de notre âge, pour assurer les conquêtes de la liberté. Iis n’ont pas ouvert une route moins glorieuse aux progrès de la science : nos héros et nos savants furent les apôtres d’un civilisation à laquelle la France asso cia toujours sa fortune. « Vous renouvellerez peut-être les prodiges, les glorieux temps de notre histoire. Le monde, longtemps tourmenté par des passions funestes, par des essais et des théories déplora bles, commence à se raffermir sur ses bases naturelles. Un moment entraîné par de vagues désirs, par des doctrines in sensées, par un matérialisme déicide, il commence à se re connaître, à sentir de nouveau la vérité, l’immuable vérité, le pénétrer de ses rayons célestes ; il comprend qu’il n’y a de salut pour l’humanité que dans l’étude consciencieuse, dans le travail, dans l’ordre, c’est-à-dire la soumission aux lois, le respect de la liberté d’autrui, l’harmonie des droits et des devoirs, enfin dans la pratique de la vertu. Fatigué de tant d’agitations, de tumultes, de bruits dont les échos ont re tenti jusque dans vos studieux asiles, le monde se repose pour reprendre son élan vers l’avenir inconnu que lui prépa rent les desseins du Créateur. Vous aurez un rôle utile, glo rieux, je l’espère, dans le mouvement de la société. Habi tuez-vous donc, dès à présent, à devenir des citoyens intelligents et courageux, dévoués au pays, soumis à ses lois, et rappelez-vous surtout que l’obéissance est l’épreuve de la liberté. « Je ne sépare pas, amis, des vertus républicaines les ver tus chrétiennes, la pratique des lois de l’Evangile. Ayons le courage de le dire ; pour moi j’aurai celui de le proclamer : Les malheurs de la société viennent presque tous du funeste abandon qu’elle a fait de la religion. On a vainement cherché à lui inspirer une autre foi, à lui donner un autre culte. La société, après avoir encensé le veau d’or, le brise et se re tourne vers Dieu. Où trouve-t-on, en effet, des doctrines plus sublimes, un code de morale plus propre à fortifier le cœur en domptant ses passions; une religion plus sévère pour le vice, plus indulgente pour les fautes, plus consolante dans le malheur, plus compatissante pour le pauvre ; la di vine vérité, plus simple et plus pure; une religion, enfin, qui s’adapte mieux aux nécessités des temps, aux institutions des Etats, plus propice à la vraie liberté, plus digne, en un mot, de notre respect et de notre amour ? « L’humanité rêve un avenir meilleur. Des insensés épui sent leur génie à des combinaisons mécaniques qui, dans les illusions de leur orgueil, doivent si bien enchaîner tous les intérêts que la société, montée comme une horloge, mar chera désormais avec la régularité et la monotonie du pen dule, el ils sèment les orages, ils troublent, jusque dans ses fondements, l’édifice élevé par la main des siècles; ils jettent l’incertitude dans les esprits, le désordre dans les familles, de vagues et furieuses passions dans les cœurs ! La société, comme une mer dont la tempête a déchaîné les fureurs, me nace, grâce à leurs doctrines, de s’engloutir dans ses propres abîmes. Vains efforts ! La société ne trouvera qu’au pied de la croix le bonheur qu’elle recherche. « C’est la religion qui fera revivre l’antique esprit de fa mille, en ranimant le respect des enfants pour les auteurs de leurs jours, en leur traçant les devoirs que la reconnaissance...

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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