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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 8 décembre 1840

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
8 décembre 1840


Extrait du journal

Paris, le 7 décembre. Aujourd’hui, à huit heures et demie du soir, la grande députation de la chambre des députés, char gée de présenter au Roi l’adresse eu réponse au dis cours du Troue, a été reçue par Sa Majesté. M. Sauzet, président de la chambre, a donné lec ture de cette adresse, conçue en ces termes : « Sire, « Nous remercions Votre Majesté d’avoir convoqué les chambres avant l'époque ordinaire de leur réunion. C’est surtout dans les grandes conjonctures, dans celles qui in téressent Vhonneur ou le salut des peuples, qu’il convient à un Roi constitutionnel de s’entourer des représentants du pays, de leur exposer la situation des affaires, et de réclamer leur concours. « Sire, la France s’est vivement émue des événements qui viennent de s’accomplir en Orient. Votre Majesté a dû armer. Ces armements seront maintenus. Des crédits extraordinaires ont été ouverts pour y faire face. Nous en apprécierons l’emploi. La France à l’état de paix armée et pleine du sentiment de sa force, veillera au maintien de l’équilibre européen et ne souffrira pas qu il y soit porté atteinte : elle le doit au rang qu elle occupe parmi les nations, et le repos du monde n’y est pas moins intéressé que sa propre dignité. Si la défense de ses droits ou de son influence le demande, parlez, Sire, les Français se lèveront à votre voix. Le pays tout, entier n hésitera devant aucun sacrilice. Le concours national vous est as suré. « Nous avons appelé de tous nos vœux la pacification de l Espagne. Intéressés à raffermissement de son gou vernement constitutionnel, espérons qu’il saura accomplir une œuvre si courageusement entreprise au nom de la liberté. « La France rappelle de nouveau à l’Europe les droits de la nationalité polonaise, si hautement stipulés par les traités. « Notre assentiment est acquis aux ordres qu’a donnés Votre Majesté, pour que de nouvelles forces, envoyées dans les parages de Rucnos-Ayres, obtiennent enfin du gouvernement de ce pays la réparation de nos justes griefs. « Nos armées d'Afrique se sont encore illustrées par de brillants faits d’armes. Vos fils, qui ne manquent au cune occasion de montrer leur courage, ont partagé la gloire et les périls de ces expéditions. Ce que nous de mandons à votre Gouvernement, Sire, c’est d apporter un sérieux examen à la conduite générale de nos affaires dans cette contrée, afin que les triomphes de nos armes ne de meurent pas stériles, et pour qu’une possession si glorieu sement conquise, si chèrement achetée, devienne pour la France un principe de force et non une cause d’affaiblis sement. « La tentative de Boulogne n’était pas seulement in sensée, elle était criminelle. Réprimée, à son début, par le dévouement des citoyens, elle a été condamnée par un arrêt solennel ; la justice a eu son libre cours, l'offense commise envers la société n’est pas restée sans répara tion , et l’espoir des factions a reçu de toutes parts un éclatant démenti. « Nous examinerons avec soin la loi du budget. C’est parce que les Etats sont exposés à subir des charges inattendues, qu’une sévère économie est toujours néces saire. En d’autres temps, la chambre, dans l’impossibilité de diminuer les impôts qui pèsent sur le pays, avait du moins recommandé de garder l’équilibre entre les recet tes et les dépenses Puisque, de fait, cet équilibre est rompu, nous aviserons aux moyens de le rétablir et de le conserver. « Les autres lois qui nous seront présentées seront, de notre part, l’objet d’une mûre attention. Dès à présent, nous nous félicitons d’avoir pu répondre, par un vote una nime, à la demande que nous a faite Votre Majesté, de venir au secours de nos départements, victimes du fléau des inondations. « L’accord des grands pouvoirs, nous le savons, est le plus sûr garant de la paix publique. L’ordre, maintenu au dedans par l’action énergique et persévérante du Gou\ ornement, est le premier principe de la force au dehors. Nous exprimons la volonté de la France en disant qu elle veut fermement l'un et l’autre. « Ayez confiance dans la fortune de la France, Sire, comme nous l’avons nous-mêmes dans la perpétuité de votre dynastie. Un nouveau fils vous est né; et la Pro vidence qui, naguère encore, vous a couvert de sa pro tection , nous préservera des maux de l’anarchie. « Sire, vos ministres sont les dépositaires de votre au torité, ils sont responsables de son exercice ; sur eux repose tout entière la garantie de votre inviolabilité per sonnelle. Qu’ils s’appliquent, comme vous le désirez, à con fier les emplois publics au vrai mérite ; honorons la reli gion et la morale ! Prêtons force aux lois î Ranimons dans les cœurs cet amour désintéressé du pays qui inspire les grands dévouements et commande les généreux sacrifices. Honneur et Patrie! là se trouve le germe de ces vertus civ iques qui font la force des peuples et la durée des Etats ! » Le Roi a répondu : « Messieurs los députés, « J’étais impatient de vous voir réunis autour de « moi. Plus je voyais les passions s’agiter, plus j’éprou« vais le besoin d’être soutenu par le concours des « Chambres, et de trouver dans leur appui le moyen « de faire face à la gravité des circonstances. Le par ce fait accord des grands pouvoirs de l’Etat prouvera au ce monde que, si la France apprécie justement, nour ce l’Europe comme pour elle-même, les biens de la cc paix, elle est également résolue à maintenir sa dignité cc et son rang parmi les nations, glorieux héritage de cr notre patrie, que je saurai lui conserver. Par l’adresse « que vous m’apportez, vous avez dignement répondu te à mon attente, et, j’ose le dire, à celle de la France. « Grâces vous en soient rendues! Mon cœur est pro« fondément touché des vœux que vous formez et des a sentiments que vous m’exprimez pour mes enfants et u pour moi. » Cette réponse est suivie des cris de vive le Roi!...

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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