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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 8 mai 1845

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
8 mai 1845


Extrait du journal

bâtiment, quoique pressé de rejoindre la division américaine à Gênes, lieu de rendez-vous , a néanmoins différé son départ pour célébrer avec nous la fête de notre souverain. A neuf heures, toutes les troupes de la garnison, réunies sur la place d’armes, ont été passées en revue par M. le ma réchal de camp commandant la subdivision. Après la revue qui a été magnifique, les diverses autorités et les états-majors de terre et de mer sont allés assister au service divin, à l’é glise majeure Sainte-Marie. En tête du cortège, qui était fort nombreux, on remarquait M. le contre-amiral Cosmao Dumanoir, préfet maritime par intérim. M. le contre-amiral Parseval Deschénes, commandant la division d’évolution de la Méditerranée, était suivi des états-majors des bâtiments placés sous ses ordres. Des mâts de cocagne avaient été posés sur le carré du port, où ont eu lieu aussi, dans l’après-midi, des jeux scéniques plus ou moins amusants, et qui n’ont attiré qu’un nombre fort restreint de curieux. Les bâtiments de l’escarlre ont salué à midi et au coucher du soleil, en amenant leurs pavois; un instant après ils étaient étincelants de lumière. La rade a présente un coup d’œil magnifique jusque vers les dix henres. Dans la journée, les équijiages s’étaient livrés en rade à divers jeux. Dès le coucher du soleil, la foule était compacte sur lj place d’Armes, où les musiques des corps de la garnison saient entendre des symphonies. A huit heures et demiei a brûlé sur cette place le feu d’artifice dont nous avons parlé, et qui avait attiré dans notre ville une grande affluj d’étrangers. Malgré l’encombrement, tout s’est passé dankiej plus grand ordre, et nous n’avons heureusement aucun ac< dent à signaler. Quelques pièces d’artifice ont été tirées sur la place du Champ-dc-Mars. La place d’Armes et les édifices publics étaient illumines. Le soir il y a eu bal à l’hôtel de la préfecture maritime. Ainsi s’est terminée cette fête, qui a été favorisée par un temps magnifique. -La caserne du Jeu-de-Paume a présenté, le 1" mai, un spectacle aussi neuf qu’attrayant pour les habitants de Tou lon. Il y avait longtemps, en effet, qu’on n’avait vu dans cette ville un régiment célébrer la fête du Roi d’une manière aussi digne et solennelle. Déjà, depuis le matin, la caserne du 43* de ligne était le rendez-vous des curieux et des promeneurs. Ils ont pu jouir à leur aise du beau coup d’œil de ces longues files de tables proprement servies dans ta cour, les chambres et les galeries. Nous avons circulé avec plaisir au milieu de toutes ces fleurs, ces guirlandes de feuillages, ces drapeaux et ces trophées guerriers, où les canons d’Islv s’inclinaient, vaincus et captifs, sous le buste du roi des Français. Des dames élégantes n’ont pas dédaigné d’honorer de leur visite les chambres artistement parées par la main des sol dats : leur curiosité était parfois excitée par des inscriptions où s’encadrait le quatrain de circonstance, franc et naïf comme le troupier français, ou par des devises fières et glorieuses comme sa noble patrie. A cinq heures du soir, tous les soldats ont pris place aux tables préparées pour leurs compagnies; la musique du régi ment, établie dans la cour, a accueilli l’arrivée du colonel et des officiers par l’air plein d’à-propos, Ou peut-on être mieux qu'au sein de sa famille P Les plus anciens militaires de cha que grade, y compris le plus ancien soldat, ont eu l’honneur de s’asseoir à la table dressée pour le colonel. Ce couvert était mis au centre de la cour sous un grand pavillon en forme de lente et faisant face au drapeau du régiment. Tous les spectateurs ont été frappés de l’ordre admirable qui n’a cessé de régner au milieu de cette multitude de con vives; une gaieté franche et cordiale, tempérée sagement par la présence des officiers, a assaisonné ce repas de corps : clic a prouvé que rien n’était de commande dans les démonstra tion de cette réunion toute fraternelle. Un silence religieux, soudain établi, a permis au colonel de faire entendre sa voix mâle et inspirée : dans le toast qu’il a porté au roi des Français, il a rappelé avec dignité que l’ar mée devait voir dans le chef de l’Etat le représentant de la mère-patrie, l’emblème de la prospérité et de la gloire de la France. Nous regrettons de ne pouvoir citer textuellement les nobles paroles du colonel Cornille, auxquelles ont répondu avec enthousiasme les cris mille fois répétés de vive le Boi ! • Le lieutenant-colonel et le plus ancien chef de bataillon ont à leur tour porté la santé du colonel. Ces toasts, accueil lis avec transport, ont laissé une profonde émotion chez tous ceux qui ont pu entendre l’allocution du commandant. Avec beaucoup d’art et de tact, cet officier supérieur a fait ressortir les qualités du chef dont s’honore le 43* et qui, après avoir moissonné ses grades sur les champs de bataille de l’empire et sur le sol de l’Algérie, se trouve heureux de l’espoir de. conduire en Afrique son régiment au baptême de feu. Il a parlé avec chaleur de la vénération duc au drapeau qui rappelle aux soldats le clocher de leur village, et enfin de l’estime et de l’amour qu’ils doivent avoir pour leur colonel en se pressant autour de lui comme les enfants d’une même famille. Le public, partageant les impressions des officiers et des soldats, a approuvé avec bonheur cette cérémonie inté ressante. — On lit dans le Journal de Toulouse : M. Boursy, direc teur de la manufacture des tabacs, vient d’être nommé cheva lier de la Légion d’honneur. L’Académie des Jeux Floraux a tenu hier sa séance solen nelle de distribution des prix, sous la présidence de M. le comte Adolphe de Castelbajac. M- de Raynaud a prononcé l’éloge de Clémence Isaure. Pendant qu’une députation de l’Académie se rendait à l’église de Notre-Dame de la Daurade pour prendre les fleurs qui étaient sur l’autel, M. Théophile de B irbot a présenté le rap port sur le concours. Cinq pièces ont été couronnées. Les Deux Tombeaux, ode par M. Hippolytc Maquan, d’Avignon, et Toulouse, ode par M. Eugène Lébraly, ont obtenu chacune une violette ré servée. L'Epitre d un mainteneur, par M. Richard Baudin, a ob tenu un souci réservé. L'Epitre aux jeunes Mères, par M. Hippolytc Violeau, de Brest, a obtenu un souci réservé. L'Adieu de la Nourrice, ballade, par le même auteur, a obtenu un lys réservé. M. Maquan est le seul des lauréats qui se soit présenté pour" lire son œuvre et recevoir le prix. Son ode aurait obtenu plus de faveur si elle avait été mieux lue; mais l’émo tion inséparable d’un premier succès a dû nuire au débit du nouveau lauréat. La séance a été intéressante et l’assemblée nombreuse. L’éloge de Dante est remis au concours pour l’année pro chaine ; la valeur de ce prix est de trois églantines d’or....

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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