Extrait du journal

Il descendit dans la salle avec M. Schulze, qu’il rassura sur l’indisposition de sa fille, écrivit une ordonnance, lit scs recomman dations sur les soins à donner à la malade, et sortit, accompagné de Feldmann, qui voulut aller lui-même faire préparer les remèdes. « Elle n’est pas sérieusement malade ? demanda Feldmann au docteur, dès qu’il se vit à une distance suffisante de la mai son : c’est un simple refroidissement, sans conséquence? — Ce n’est pas le refroidissement qui m’inquiète, répliqua le médecin en se couant la tête : j’en viendrai bien vite à bout; mais je crains d’avoir découvert Quelque chose de mauvais dans la région au cœur. Cette jeune fille doit avoir eu quelque émotion violente, quelque tour ment caché, quelque inclination contrariée qu’elle ne peut ou ne veut avouer et qui la ronge. a Ne seriez-vous pas un peu amoureux l’un de l’autre? reprit-il après quelques instants de réflexion et sur un ton de bonhomie brusque. — Je ne crois pas, répondit l’aide maître de poste, avec une touchante naïveté qui fit sourire le vieillard. — Vous pouvez avoir confiance en moi, et il ne faudrait point, par des scrupules exagérés de discrétion , risquer de comfiromettre la santé d’une personne dont 'existence vous est peut-être chère. » Feldmann lui affirma qu’il n’y avait absolument rien de ce qu’il croyait entre Martha et lui, qu’elle était d’un caractère extrêmement réservé et que si elle lui in spirait quelque chose, c’était tout au plus un sentiment très-pur d’intérêt, légère...