Extrait du journal

avait fait prononcer la nullité d’un mariage contracté à l’étranger. Tout d’abord ma mère ne put compren dre son malheur ; il fallut lui expliquer que ee mariage était sans valeur parce que ie mari n’avait juré sa foi que devant Dieu. Lorsqu’on l’eut éclairée, elle tomba frappée de la foudre ; elle resta huit jours sans connaissance, et lorsqu’elle reprit le senti ment de ses misères, elle trouva à ses côtés un mandataire des nobles parents qui venait lui offrir une pension. Elle apprit que le cher objet de ses sacrifices n’avait pas su lutter pour leur bonheur commun et qu’il s’était laissé emmener par son père aux colonies, où celui-ci possédait de grandes propriétés. Elle faillit devenir folle ; son ca ractère énergique la sauva, d’ailleurs elle avait confiance en celui qu’elle aimait. Dans quelques mois elle allait être mère ; ce titre, saint devait suffire à la préserver de l’aban don... Elle rejeta avec mépris la rançon de son malheur, et elle attendit, dévorant ses larmes. Au bout de quelque temps, arriva une lettre de mon père, lettre où se peignait un cœur faible accablé par le chagrin, un esprit sans force contre la pauvreté, une âme incapable de se couvrir des saintes ar mes de la volonté et du travail. C’étaient des larmes et des serments d’amour, des promesses de retour prochain et de réhabi litation dès qu’il posséderait sa fortune Il croyait , au reste, assuré le sort de sa femme et de son enfant. Ma pauvre mère ne comprit dans cette lettre que les éloquences d'une passion qui n’était pas morte, et elle se reprit à espérer. Mois il fallait vivre jusqu’au jour du bon heur. Elle savait l’inflexible dureté de son père, elle était trop fière pour tendre la main à la vaniteuse famille qui la rejetait. .Elle vendit quelques bijoux, derniers débris de...