Extrait du journal
été rapidement augmentés par l’exposé qu’on a fait à la nation des faibles de l’imprudente Marie-Antoinette ? Je sais bien qu’il V a parmi les hommes irré fléchis et mal-intentionnés de toutes les classes un désir ardent pour le scandale ; et plus il porte sur des personnages de haute distinction , plus leur désir est satisfait. Avec la rapidité d’un torrent tombant du sommet d’une montagne , chaque nouveau fait se divulgue et se propage de tous côtés. J’ai entendu les colporteurs , et j’ai frémi au son de leur voix , crier dans les rues : « Copie exacte de la lettre de la princesse , » imprimée et publiée ce matin ; cela ne se vend » que deux sols. » Les cuisinières de la mé tropole ont été appelées à donner leur avis sur celte composition extraordinaire, ainsi que sur les discours insignifians prononcés dans la der nière session. Les ministres du prince sont-ils jaloux de soumettre leurs travaux à un sem blable tribunal ? On insinue que le respect pour l’opinion pu blique doit déterminer le prince à accéder à la nouvelle enquête que demande la princesse ; mais je ne crains pas de déclarer (pie l’opinion publique est la chose du monde qui importe le moins à l’un ou à l’autre parti. C’est l’espoir de voir satisfaire des désirs Ion» lems comprimés qui est le motif réel des efforls que l’on fait pour porter le prince à adopter une ligne de conduite aussi insensée et aussi peu modérée qu’elle est pernicieuse. La nation en général est fortement intéressée à prévenir toute discussion qui pourrait en quel que sorte porter atteinte à la succession du trône, tit qui bien certainement porte atteinte au res pect et à la vénération qui doivent entourer le souverain et les membres de sa famille. Nous ne pouvons nous dissimuler que si ces augustes personnages en viennent à des accusations et à des défenses publiques , des deux côtés on sera tenté d’écouter des conseils violons , et , ce qu’il y a de pire encore, des deux côtés on sera tenté de falsifier des preuves , et un esprit consciencieux n’aura aucun moyen d’asseoir son opinion sur la justice de l’accusation et de la défense. Aujourd’hui nous connaissons le mal dans toute l’étendue qu’il peut avoir. La femme du souverain qui gouverne ces royaumes vit séparée de lui, et cela à cause d’un différend entre eux qui ne sup pose ni crimes de la part de la première, ni une trop grande dureté de la part de ce prince. Des accusations ont été portées contre elle ; elles ont été examinées par un tribunal honorable et indé pendant, dont la décision a été de nouveau exa minée parles amis personnels de la princesse lors qu’ils furent rentrés en place ; et ces derniers, quinatureliement devaient lui être plus favorables, n’ont pas cru pouvoir faire autre chose, que de l’acquitter des parties de l’accusation qui, si elles eussent été prouvées, eussent emporté l’idée de criminalité'. Or, il est bien évident que, même dans la vie privée, beaucoup de circonstances de la conduite d’une-le ni me . auxquelles on ne peut pas appliqueiHe caractère de criminalité, peuvent très-bien justifier sa séparation de son mari Nous en voyons tous les jours des exemples. Notre ex cellent roi, qui dans une matière de ce genre, était loin d’être étranger aux sentimens domesti ques, avait réglé les choses sur le pied où elles sont restées pendant les six dernieres années ; et son jugement paraît avoir été fondé également sur le bon sens, sur sa tendresse pour sa famille et sur une prudente prévoyance pour la paix de ses sujets. Sa décision a été celle d’un honnête homme, d’un bon pere, et d’un souverain éclairé ; et la fidélité, ainsi que la prudence, défendent éga lement que l’on apporte aucun changement dans l’arrangement qu’il a fait. Qu’on me permette de le demander, quel peut être l’objet de l’un ou l’autre parti en troublant cet arrangement.' Le prince est-il prêt, dans le cas que le résultat de l’enquête lut favorable à son épouse, de la reprendre chez lui et de vivre avec elle dans celte intimité conjugale qui a si honora blement distingué la longue union de son pere et de sa mere / Je n’ai besoin que de faire cette question. S'il n’est pas prêt à tenir une telle con duite , et si, comme nous pouvons le supposer, la princesse de (billes prouve que sa conduite a clé constamment remarquable , non-seule ment par la chasteté , mais encore par les con venances , la réserve, la modestie, et la dignité imposante qui conviennent à son rang et à sa situation, que les conseillers de S. A. R con sidèrent combien alors l’opinion populaire s’é lèvera avec force contre lui, et combien sera...
À propos
Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.
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