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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 10 octobre 1859

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
10 octobre 1859


Extrait du journal

ma vie s’écoulât heureuse et tranquille, je le trou vais enfin à quelques pas de mon point de départ. C’était la blanche maisonnette et le gai jardin où j’allais vivre désormais, loin du bruit de la foule, des agitations du monde et du contact des indifférents, sans autre société que celle de mes souvenirs et de mes rêves, amis complaisants, hôtes discrets, incapa bles d’abuser, comme tant d’autres, de 1 hospitalité qu’on leur donne. J’avais donc découvert le bonheur? Non, mais j avais rapporté, sans le savoir, une illusion au fond de mon sac de voyage. Quant à mon perruquier, il venait régulièrement tous les matins. L’aspect seul de son visage eût suffi pour dérider le front le plus rembruni, quand il entr’ouvrait ma porte et soupirait, en passant sa tête par l’étroite ouverture : « Monsieur, c’est le coiffeur ! » Sa face pâle avec deux petites lâches rouges sur les pommette?, scs petits yeux gris, tout ronds, qui semblaient jouer à cache-cache derrière un nez long, mince et busqué, les mèches vagabondes, d’un blond verdâtre, qui s’agitaient sur son front plat, donnaient à sa physionomie un air de frayeur comique auquel sa bouche, fendue jusqu’aux oreilles par un rire muet, ajoutait quelque chose de fantastique. Il parais sait toujours frémissant d’aise ou de crainte. Sa voix tremblait dans sa gorge et sa main faisait comme sa voix, ce qui ne laissait pas de me donner une certaine inquiétude pendant les premiers temps. D’abord retenu par une timidité respectueuse, il ne laissait échapper que de modestes monosyllabes con fia dans un sourire discret. Mais peu à peu il s’en hardit jusqu’à passer du monosyllabe à îa phrase et de la phrase au récit. Il me racontait les nouvelles du jour, les événements de la commune; il énumérait les personnes qu il avait eu « le plaisir d’accommoder la veille, t> en y ajoutant des appréciations sur leur ca ractère, leurs mœurs et leur position sociale. J appris ainsi que M. le maire portait perruque et battait sa femme; que la fille du percepteur avait une verrue sur l’oreille gauche et mi cousin qui lui écrivait en cachette du papa ; que le garde champêtre aimait ou tre mesure le genièvre et avait vendu, pour cause de mauvaises affaires, le fonds d’épicerie que sa femme tenait autrefois sur la grande place. Ce qui me frappa dans les discours critiques du sieur Croutin, — c’était...

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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