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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 11 avril 1874

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
11 avril 1874


Extrait du journal

caressaient dans ses habitudes, en quelque sorte chassé de son foyer, Gabriel tomba du côté où il penchait. Le désordre, auquel il avait eu de» velléités d’échapper, Je re conquit ; et des indices avertirent Mina que le petit-d’Esgrigny avait tenu parole. Le spéculateur avait dû rendre à celui-ci lo dîner qu’il avait accepté. Les mêmes convives s’y trouvèrent. Parmi les personnes qui étalaient leurs épaules nues sous les feux du gaz, il en était une qui avait chanté quelque temps derrière la rampe d’un petit théâtre et qu’une bronchite avait écartée de la scène. Lédn, et personne ne savait au juste d’où lui venait ce nom cher à la mythologie, n avait rien dans le visage et les habitudes «jui rappelât cette nymphe célèbre. Elle était petite, mignonne, potelée, avec des yeux retroussés à la chinoise, la peau blanche, les rheveux noirs, un nez drôle qu’aucun statuaire n’aurait inventé, mais qui avait de la physionomie, et des fossettes partout, au menton, aux poignets, aux mains, aux épaules, aux coudes et aux joues. On disait d’elle (pic c’était, un nid à fossettes. L’humeur de Léda subissait des intermittences qui rappelaient res matins (l’avril durant lesquels le soleil brille entre deux ondées, et lui donnaient une originalité qui n’était pas étudiée. Elle s’amusait par secousses, deux ou trois fois par semaine, pendant une heure ou deux. Quand ces accès la prenaient, elle cassait tout, mais d’une façon si comique, que le rire faisait le tour de la table et qu’on la priait de continuer. Le reste du temps, Léda avait la spécialité de s’ennuyer. C’était un verbe qu'elle conjuguait du matin au soir. Cette physionomie rieuse qu on ne pouvait voir .-ans un sentiment de joie et l’ennui tenace qu’elle ne prenait pas la peine de dis simuler, faisait nt le plus singulier contraste qui se pût imaginer. Avec cela un je ne »ais quoi qui la rendait jolie à croquer. Celte petite Bretonne, qui semblait avoir été trempée dans du lait, possédait toute la nonchalance d’une créole et (les goûts d’ordre qui fixaient la parcimonie et qu'on eû* été en peine de découvrir au même I degré chez une mercière de la me Saint-...

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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