Extrait du journal
« La réforme des prisons, messieurs, est aujourd’hui une de ces questions qui s’agitent chez tous les peuples, et aux quelles aucun gouvernement ne peut se soustraire. On a com pris que l’emprisonnement, dont avant tout le caractère est I d’étre pénal et de prévenir le crime par l’intimidation, doit en même temps, autant que cela est possible, amender le coupable, et, dans tous les cas, ne pas le pervertir. « Telle est la pensee qui présidé aux projets de réforme que nous avons soumis aux chambres; quan 1 nous proposons de séparer les criminels entre eux, c’est pour rendre la peine à la fois et plus eflicace et plus morale, plus redoutée du : criminel, et plus contraire à la propagation «lu crime. Mais, parmi toutes les classes de détenus, celle à laquelle vous avez consacré Mettray, appelait, avant tout, la réforme. Ces en fants, dont la plupart, selon les arrêts de la justice, ont agi sans discernement, que les torts de leurs familles ou le mal heur de leur naissance ont livrés à une perversité précoce, la société doit les corriger plutôt que les punir. « Ici elle ne cherche pas à effrayer le crime, elle se pro- : pose de contenir et d’étouffer le vice. Pour aticindrc ce but, I elle n’emploie pas la détention comme châtiment, mais comme moyen d’amendement et de correction. C’est ce que vous ; avez très-bien compris, messieurs, quand vous avez fondé Mettray; c’est la pensée qui a également dirigé l’administra- ! lion, quand sous les soins si éclairés de M. le préfet de po- ; lice, elle a établi le nouveau régime de la maison de la Bo- I quelle. Pour les jeunes détenus la question est tout autre que lorsqu’il s’agit de condamnés adultes, qui se sont rendus cri minels dans la plénitude de leur raison et de leur liberté. Aux uns la rigueur des châtiments, aux autres, avec la sévé- ! rite que leur situation commande, les soins charitables d’un i régime qui tient tout ensemble de l’éducation et de la cor rection. « L’établissement de Mettray, messieurs, encouragé à son ! début par le Roi, dont la haute sagesse sait apprécier d’un j regard tout ce qui est vraiment utile à la société, a été une idée heureuse, et qui fait honneur à notre pays. Ce sont là des innovations que l’on peut célébrer comme de véritables progrès. Telle est la tâche de notre temps, réaliser au sein île l’ordre et de la paix ces améliorations morales et maté rielles qui développent la puissance et la prospérité des na tions, en même temps qu’elles servent la cause de la civilisa tion et de l’humanité. Les soins donnés à la réforme des pri sons compteront pour quelque chose parmi les œuvres d’un règne dont la pensée répond aux véritables besoins de notre siècle, et dont les bienfaits descendront sur les classes même i les plus misérables de la société. « La meilleure manière de louer Mettray, messieurs, c’est de raconter ce qui s’y fait. Aussi, je m’empresse de céder la parole à ceux d’entre vous qui ont à remplir la tâche hono rable et facile de rendre compte du bien qui s’est accompli dans la colonie depuis votre dernière réunion. » Après ce discours, accueilli par des applaudissements una nimes, M. de Metz, tant en son nom qu’en celui de M. le vi comte de Brélignières, a rendu compte de la situation mo rale et des progrès rie la colonie. O rapport, qui démontre, par des faits nombreux, com bien a été féconde et combien se réalise heureusement la pensée qui a présidé à la fondation de celte œuvre de charité sociale, a été écouté avec un vif intérêt. M. de Metz a ex- ; posé, avec une simplicité parfaite et souvent avec cette émo- ! lion qu’inspire et que communique un profond amour du ' bien, les principes qui président au régime de la colonie de Mettray, les efforts, le zèle qui contribuent à la réalisation •le ces principes, et les heureux résultats déjà obtenus depuis cinq années. Les faits cités dans ce document viennent, en grand nombre, à l’appui de ces pensées de charité sociale qui ont pour objet l’amélioration des classes les plus malheureu ses de la société, tant sous le rapport matériel que sous le rapport moral. Ce sera la gloire de la civilisation moderne, et l’honneur •le notre temps, d’avoir entrepris, et, en partie, exécuté cette noble tâche. Tous les hommes de bien y voudront de plus en plus concourir, et l’œuvre que les fondateurs de la colonie de Mettray ont si généreusement accomplie, leur assure une notable part dans la reconnaissance publique. On a pu voir dans la réunion d’aujourd’hui, honorée de la présence de deux ministres du Roi, combien de hautes sympathies s’atta chent à de si dignes et de si honorables efforts. La séance a été terminée par le rapport de M. Gouin, sur la situation financière de l’établissement....
À propos
Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.
En savoir plus Données de classification - de metz
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