Extrait du journal

la tâche de M. Poincaré, et c est avec raison que M. Clemenceau écrit dans 1 Aurore : « Nos politiques s'agitent et rien ne les mène. » Cependant, il faut faire une réserve. Les jalousies et les rivalités personnelles jouent en la cir constance un rôle dont il ne faut pas méconnaître l’importance. Mais M. Clemenceau a raison s’il veut dire que toute pensée politique est absente des négociations qui n’ont pour objet que de tenter de rapprocher des hommes qui s’estiment pour ce qu’ils valent, c’est-à-dire peu. La solution de la crise ministérielle serait très facile, assure le Voltaire, « si l’on sait placer la vue de l’intérêt public au dessus des servitudes, des relations de personnes ». Mais c’est justement là ce qui est devenu impos sible sous le régime actuel. On ne peut se soustraire à ces questions de personnes,et comme chacun y apporte l’esprit le plus étroit, elles deviennent d’insurmontables obstacles. Quant à l’intérêt public, outre que ce n’est guère l’habitude des républicains de le placer au dessous de tout, il est clair que si «n s’en inspirait unique ment, un danger très sérieux, on pourrait dire capital, menacerait Vexistence même de la République. Aussi n’est-ce pas de cette préoccupation que s’inspirent les négociateurs de combinaisons ministérielles. Nous le constatons sans en être surpris. On ressent dans le monde politique, dit le Voltaire, « une sorte de malaise » et M. Clemenceau dit que le mot de la crise est: «Rien, rien».Gela est bien observé. Et quand on peijse que l’opi nion accréditée était que M. Loubet, prévoyant et désirant une crise mi nistérielle, avait tout préparé pour qu’elle pût se résoudre aliment et rapidement ! Le pauvre homme n à point eu ce machiavélisme. Il s’était figuré, interrogeant sans doute ea propre conscience, que l'appât d’un portefeuille suffirait à faire évanouir les hostilités individuelles. 11 doit être plus étonné que qui que ce soit, s’il se rend compte du gâchis auquel pré side son inconsciente sérénité. Ernest Baudouin....