Extrait du journal

La fameuse combinaison inventée par M. Thiers pour ajourner jusqu’à la session d automne les explications qu’appelle sa politique ne gagne pas de terrain, lies explications sont nécessaires, et le Gouvernement peut être certain qu’il ne réussira pas à s’y dérober. L’argument tiré de la li bération du territoire est usé, c’est avec lui, avec lui seul que M. le Président de la République a gouverné depuis deux ans ; il a été la sauce à laquelle toutes ses belles conceptions économiques, politiques, finan cières ont été invariablement accommodées. Aujourd’hui la libération du territoire est assurée par des conventions très-précises, dont l’exécution ne saurait être mise en péril que par l’avénement précipité du ra dicalisme, ou la certitude que la France n’a plus les moyens d’y échapper, (l’est donc bien le moins que M. Thiers nous fas.-e connaître sans retard son plan, et qu’on sache, comme nous le disait récem ment un de nos correspondants, si ce plan est susceptible d’une bonne et efficace exécution. Et puis comment oublier qu'il y a trois mois, M. le Président de la République démontrait à la commission des Trente l’urgence de ces mêmes lois sur lesquelles il décline aujourd’hui des explicitions im médiates ? On lui disait alors : « Mais ne vaudrait-il pas mieux attendre l’évacuation des départements de l’Est pour se livrer aux travaux constituants? » Rien mieux, des amendements furent déposés dans ce sens. Tous les efforts des esprits clairvoyants furent rendus inutiles : M. Thiers était pressé d’arriver à sa constitution, et on dut céder. 11 suffit de rappeler ce fait pour être convaincu que M. le Président de la Répu blique ne cherche que des expédients ; or, comme le temps des expédients est expiré, les choses ne se passeront pas conformé ment au programme de M. Thiers....