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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 17 septembre 1797

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
17 septembre 1797


Extrait du journal

assigne indistinctement l’amnistie à tous les délits de ce genre jusqu’au 4 brumaire. Or, par cette désignation , il est notoire que le corps législatif a entendu désigner tous les actes hostiles, quels qu’ils fussent, qui avaient leur origine dans le choc des passions révolutionnaires. Que le délit anti-rév o!uilonnairc qui n’a point été provoqué par la tyrannie , qui est vraiment spontané , qui n’a pour principe que la haine de la liberté; que ce délit, dis-je, soit excepté , je le concevrais ; encore la clémence nationale , ainsi que vous l’allez voir, s’honore de ne plus connaître ces douloureuses exceptions ; mais je les suppose : je dis que la défection à l’ennemi, quand elle était l’unique sauve-garde contre les poignards de l'anarchie , qu’une défection dont on peut dire, sans l'oppression des tyrans révolutionnaires elle n'eût pas tu lieu,tU un délit révolutionnaire, anéanti par l’amnistie. Eh quoi ! les épouvantables crimes qui ont pro voqué celui-là ne sont-ils point pardonnes aussi ? Quelque spontanés qu’ils soient , quelque odieux que soient aussi leurs auteurs , allons-nous , pour les punir, relever les échafauds ? allons-nous, pour tant de sang si criminellement prodigué , demander du sang aussi ? Eh î non, non! Haine à quiconque veut encore en répandre î yoilà le cri de tous les cœurs, et voilà même celui des victimes. Mais ces délits divers ont été commis pour la révolution , et la loi les pardonne comme délits purement révolutionnaires. Ah ! dieux ! quoi ! parce que la plus abomi nable tyrannie les a commis au nom de la liberté, ils en seraient plus excusables ! Croi'-on nous abuser toujours avec des mots ?Est-ce parce qu’au nom de la liberté, on a outragé , anéanti, fait haïr la liberté même? Eh! à peine, à force de justice , pouvons-nous calmer la Nation ! Il faut, pour ainsi dire , auparavant la couvrir d’un océan de bonheur. Des crimes pour la liberté ! Non, je n’en connais point ; je n’y vois qu un crime de plus, celui d’une horrible hypocrisie, celui d’une sacrilege tyrannie. Je respecte la liberté, j’adore cette divinité des âmes droites et sensibles ; mais j’ai frémi d’horreur quand j'ai vu d'impies sacrificateuig amonceler autour d’elle les victimes humaines % et je frémis d'indignation qüand je vois l’impla cable génie révolutionnaire pardonner si facile ment aux bourreaux , et poursuivre avec tant de fureur des malhèureux échappés de l'autel. Mais admettons-la un instant, cette étrange distinction , entre les délits purement révolution naires et le délit de désertion à l’ennemi. N’a-t-on pas, à l’égard de ceux-ci mêmes, pardonné des actes bien moins excusables encore? Verdun. Longwy et autres forteresses (1), la clef de nos frontières, n’ont-ils pas été livrés à l’ennemi ? et dans quel moment Vont-ils été ! Il s’agissait alors, pour ainsi dire , des destins de la liberté ; un pas de plus, et elle succombait!.... Qu’ai-je dit ? elle succombait \ Non, elle ne succombait pas ; elle ne succombera jamais. Amis généreux et fiers qui l’avez voulue ( car un sentiment commun nous unit tous ) , vous qui , en détestant les moyens vils par lesquels des monstres ont paru vouloir accélérer son triomphe , le voulez toujours , parce que si les moyens ont été criminels , le but est toujours pur et n’a pas change ; parce que les maux que la révo’ution a produits sont passés, et que la liberté reste ; parce que si , en quittant les rives du despotime, nous avons traversé une mer de sang, il faudrait, pour les regagner , les tra verser encore : non , nous ne reculerons pas ; et les nouveaux ennemis qui paraissent nous mena cer , ces hommes qui affectent de gémir sur les maux du nouveau régime , parce qu ils regrettent les abus de l’ancien ; qui, remplaçant le cou rage par la perfidie , ont adopté et suivent un système de dérivation graduelle , mais qui, tou jours mal adroits , se dénoncent eux-mêmes en vantam leur profonde politique ; tous ces hom mes , vétérans ou apprentis d’intrigues, n’arrive ront jamais, les uns qu’à l’opprobre . les autres qu'au ridicule ; mais il fut un instant où , en effet, la liberté courut de vrais dangers , et c’est l’époque dont je parlais. Sans armée , pour ainsi dire, avec des gardes nationales pleines de cou rage, mais sans expérience , nous avions devant nous 200,000 hommes disciplinés, et ies meilleurs généraux de l'Europe à leur tête. Eh bien ! la défection des communes que je citais , a été par* donnée pourtant ; la reddition de Condé l a été également, et le danger de ce côté était bien plus prejsant encore. Pourquoi donc et de quel droit des exceptions , et des exceptions là où elles...

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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