Extrait du journal

le socle, se hausse sûr la pointe des pieds pour atteindre des lèvres cet orteil de bronze usé par les baisers des fidèles. Son mouvement est si vrai, si naïf, si fer vent, qu’il donne l’illusion de la réalité. Sa lourde jupe plaquée tombe à plis droits, le linge blanc ployé en carte sur sa tète a bien la roideur empesée qui fait ressem bler les femmes de la campagne romaine à des cariatides dont l’entablement serait tombé. Agenouillées sur les dalles, les paysannes qui attendent leur tour d’adora tion ont des poses superbes et des têtes d’uue beauté farouche. Rarement le genre a atteint cette grandeur de style. Comme our faire opposition à la foi simple et rouste vies paysannes, une jeune femme, qu’à l’élégance de sou costume noir on de vine être du meilleur msnde, prie à genoux suj; le pavé ; sa ferveur fait deviner qu’elle demande à Dieu le pardon d’un tendre péché. Des mômes à la figure austère et macérée, spectres sous le froc, dont la sombre silhoutte se dessine sur les parois de marbre, passent silencieusement et sans jeter un regard sur cette scène à laquelle ils sont habitués. Nous n’hésitens pas à prédire au tableau de M. Donnât le plus franc et le plus lé gitime succès. La vie et la nature italien nes ont en lui un interprète sérieux, plein d’observation et d’originalité, et chez qui la couleur a pour base un dessin exact et savant. Mentionnons aussi deux esquisses de la chapelle Six fine d’un ton excellent. Les Pifferari d’Hébert ne nous font pas voir, comme à l’ordinaire, ces sauvages musiciens jouant de la cornemuse devant quelque statuette de madone, lis ont fini leur tâche, suspendu à la muraille leur pitfero dégonflé et, nonchalamment étendus sur la paille d'une étable, ils se reposent. L’un d’eux tient d’une main un morceau de pain et de l’autre un papier contenant les débris d’un salame. Son compagnon, qui ne va pas tarder à s’endormir, sourit vaguement et ses dents blanches luisent dans l’fmbre transparente. On ne saurait trop louer le profônd sentiment italien de ces figures si naturellement abandonnées au dolce farniente et l’habileté avec la-...