Extrait du journal

Du 10 mars ( 19 ventôte. ) Elégie sur François , duc de Bedford. Traduction littérale. Encore une fois, ô ma harpe ! je frappe tes cordes tremblantes , mais ce n’est plus pour exprimer la joie ! c’est la triste main de U douleur qui va les agiter ; mais elle s'arrêtera souvent, et interrompra tes accords, pour reprendre ses forces épuisées Pleurez , pleurez ! sur la tombe de Russel. Pleurez ! grands ! jeunes ! joyeux ! entourez son tombeau ! Hélas ! sitôt arraché aux plaisirs de tous les genres ; Il parle , quoique muet, et réclame tendrement une larme ! Pairs de sa grandeur ! compagnons de sa jeunesse ! approchez î Las ! combien la dignité terrestre est déchue de sa splendeur ! Contemplez avec effroi et commisération les bornes étroites du rang , des titres et de la puissance ! Pour lui la magnificence ne déploiera plus ses charmes : la cérémonie ne le saluera plus en lui souriant ; des essaims de serviler sycophantcs por tant le masque de la flatterie , ne lui tendront plus de pièges. Ses amis ne siégeront plus autour de sa table , ni ne se réjouiront plus avec lui , au milieu des doux plaisirs d’un banquet. Ceux qu'il chérissait le plus , ne partageront plus ses pensées , ni n'en tendront plus les accords de sa muse. Le tribut est payé ; il a fourni sa carrière. Le sépulchre sera dépositaire de ses cendres honorées ; il reposera dans le temple de la mort , et ne te réveillera qu'à la renaissance des justes ! Vous qui avec douleur, avez assisté à la céré monie funebre et sainte , et qui avez vu son corps inanimé reposer dans une tristesse solennelle , re tournez-vous-en ins-ruits. — Ses richesses étaient grandes, mais son bon sens les surpassait encore. Le zele patriotique qui brillait dans son cœur, les tendres pleurs que lui arrachait la tendre pitié , rien ne put détourner le trait fatal que la main rapide de la mort lui décocha sans remords !...