Extrait du journal

ment mijoter un pauvre lapin qui n’avait fui des bols, chassé par les Prussiens, que pour tomber dans notre casserole, quand un géné ral arrive au grand galop : — Hé! vite!... emballez toutl voici l’ennemi à 1 kilomètre. Le pauvre lapin est jeté sur la route; on empile à la hâte tous les objets de campement dans les fourgons, et fouette cocher!... Ce matin enfin, nous avons pu déjeuner. Un vrai festin. Des sardines, une omelette excellente, des Eomraes de terre exquises; avec cela, un café rùiant et un cognac!... Après déjeuner, on nous a fait escorter un groupe de prisonniers, non blessés. Un où deux colonels, quelques officiers et des soldats. Depuis ce matin, on entend la fusillade du côté de Mars-Ia-Tour, qui se trouve en avant de Rezonville et de Gravelotte. Mais ce ne sont là que quelques enga gements d'avant-postes qui n’ont aucune im portance. Piappevllie, 18 août, 10 heures matin. Nous n’avons pas bougé depuis hier. Nous sommes tranquilles; plus d’alertes. La nuit s’est passée dans le plus grand calme. Je me suis allongé sur mon lit de campe ment, hier 17, à neuf heures du soir, et j’ai été tout étonné, ce matin à six heures, de me retrouver au même endroit. Que se prépare-t-il ? A cinq heures, hier soir, avant dîner, nous avons entendu une forte canonnade dans la di rection de Metz. Les Prussiens voulaient attaquer les forte resses, mais, s’il faut en croire ce que l’on dit autour de mol, à mon réveil, ils auraient été refoulés, laissant en grand nombre des leurs sur le champ de bataille. Mais ce n’est là qu’un prélude. *On s’attend à une grande bataille, soit, pour demain, soit même pour aujourd’hui....