Extrait du journal

Albert a vu dans le monde une jeune personne charmante, — Louise, la fille d’un notaire, — dont il est devenu passionnément amoureux. — Il s’est assis à une table de jeu pour pouvoir contempler de plus près son idole. — Le lansquenet ne souffre pas les distractions, il veut un homme tout entier. La perte ou le gain, quand on s’obstine à doubler sa mise, s'accroît avec la progression terrible des grain» de riz demandés pour récompense par le biahmiue, sur l'échiquier du roi indien. En quelques heures, tout en regardant les beaux yeux de Louise, Albert a perdu une somme énorme : trente-deux mille francs ! Où la prendre? dans la caisse confiée; oh non 1 plutôt mourir! Ne pouvant payer avec de l’or, Albert payera avec du sang : il se tuera. La mort est la banqueroute des gens d’honneur. Les dettes de jeu sont sacrées, car rien ne les garantit. Ecrire à son partenaire, lui demander du temps? à quoi bon? D’ailleurs, dans vingt -quatre heures, dans huit jours il ne les aura pas davantage, ces damnés32,000 francs. Il faut un cœur bien stoïque pour sortir de la vie sans dire le secret de sa douleur à une âme compa tissante. Aussi Albert a-t-il laissé entrevoir son fatal projet à Geneviève — douce fille qui l’aime mystérieusement. Geneviève, qui vient de faire un héritage de 00,000 francs, soulève le cachet encore humide de la lettre écrite et non envoyée par Albert à son créancier ; elle y glisse un nombre de billet*, de banque égal à la dette et la fait partir. Le-flh légitime de Duperrier a gardé un> tlef de...