Extrait du journal

L’Académie réunissait hier sur son af fiche les noms de deux des plus fameux écrivains de théâtre de ce temps, M. Lu dovic Halévy et M Pailleron. C’est dire qu’on ne risquait pas de s'y ennuyer. La séance a tenu tout ce qu'on s’en promet tait. Nous avons d’abord apprécié une fois de plus la bonne volonté, la bonne grâce et le tact avec lequel M. Camille Doucet, — lui aussi auteur dramatique,— distribue l’éloge aux lauréats nombreux et fiour la plupart modestes, des concours ittéraires. Et ce tribut justement payé aux littérateurs utiles aux mœurs, nous avons eu la bonne fortune d’applaudir deux discours, aussi différents par le ton que par le sujet, mais qui tous deux ont comblé d'aise une assistance d élite. Le rapport sur les prix de vertu est une tâche difficile. On en voit tout de suite le danger qui est double. Si l’on se contente de rappeler les actes de dévouement des sauveteurs obscurs, ou des fidèles domes tiques, on risque de paraître terne à un auditoire généralement frivole. Si, au con traire, on égaye la matière, on a des chan ces pour être irrespectueux à l’égard de la vertu et traiter trop légèrement un sujet sérieux. Cette épreuve revenant chaque année, et chacun des quarante y passant à son tour on a pu établir des comparaisons. Les universitaires s'y montrent volontiers ennuyeux, et les moralistes y semblent...