Extrait du journal
INTÉRIEUR. Paris, le '2/t décembre. Ce matin, vers dix heures et demie, le président de la République, accompagné du ministre de la guerre et du général commandant les gardes nationales et les troupes de la lr< division militaire, est sorti de l’Elysée-Natiunal pour aller passer la grande revue annoncée hier. Un nom breux état-major d officiers généraux et un détachement de lanciers lui servaient d’escorte. Il a traversé l’allée de Marigny, au milieu d’un con cours prodigieux de peuple qui l'a accueilli avec des ac clamations unanimes. Les légions de la garde nationale et les régiments de la garnison étaient échelonnés dans toute la longueur des Champs Elysées, et occupaient en outre le quai de Billv la rue de la République, le boulevard de la Madeleine, la rue de la Paix, la place Vendôme, la rue Castiglione, la rue de Rivoli, le jardin des Tuileries. Il a parcouru le front des différentes lignes, en re cevant partout, sur son passage, les témoignages de la plus chaleureuse sympathie. Les cris de Vive Napoléon ! se mêlaient à ceux de Vive la République! Vers midi, le défilé a commencé sur la place de la Concorde, entre l’obélfsque et l’entrée des Champs Ely sées, où s'était placé Louis-Napoléon Bonaparte, entouré de son état-major. Le temps, qui le matin était sombre et faisait craindre de la neige, s est éclairci ni moment du défilé; et lorsque le général Changarnier, à la tête de la colonne, est arrivé devant le président, les nuages se sont dissipés et le so leil a paru dans son éclat, comme s’il voulait, ainsi qu’au 10 décembre, donner à la manifestation populaire une sanction nouvelle. Ce changement subit a paru électriser la foule immense accourue à celte grande solennité. Le plus beau temps a continué pendant toute la revue. Nous ne rendrons pas compte des divers incidents qui ont caractérisé cette journée. Il ne nous est pas permis tou tefois de passer sous silence la scène touchante qui a eu lieu au défilé des Invalides. A la vue du général Petit, com mandant les nobles débris de nos armées, le président a poussé vivement son cheval vers le général et lui a dit : « L’empereur vous a embrassé lorsqu’il a passé sa der nière revue, je suis heureux de vous serrer la main lors que je passe ma première. » La foule, qui a compris ce noble mouvement, s’y est associée par une ardente dé monstration. Le président était en petite tenue de général de la garde nationale, et portait le grand cordon de la Légion d’honneur. Tout le monde a été frappé de la distinction de sa tournure et de la grAce militaire avec laquelle il gui dait son cheval. A quatre heures et demie, il est retourné au palais de l’Elysée, et, de nouveau, le peuple s’est précipité à flots pressés sur son passage avec des transports dont, depuis longtemps, on n’avait eu l’exemple. Cette mémorable revue inaugure avec grandeur le Gou vernement de l’élu de la nation. Le neveu de l’empereur, en se présentant pour la première fois aux regards de la capitale, ne pouvait demander ni au ciel un plus beau jour, ni à ses concitoyens un plus sincère enthousiasme. Chacun y voyait le présage de l’ordre et de la sécurité que souhaite la France....
À propos
Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.
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