Extrait du journal

Ces deux premiers actes, de l’avis de tout le monde, sont les plus heureux, les plus riches, les mieux réussis de la parti tion. Le troisième acte, le Val d'Enfer, a des parties moins saillantes, ou qui peutêtre ont été moins bieu comprises. Le duo de la lutte corps à corps entre Ourrias et Vincent a été supprimé. Le feroce bouvier frappe d’un coup de trident sou rival, et l’étend par terre. Mais tout ceci se passe dans la coulisse.* Le tableau fantastique est d’une effroyable, vérité. On voit les eaux du Rhône couler sous les arches brisées du pont d'Avignon. Ourrias éperdu, pâle, haletant, les cheveux dressés, les mains teintes du sang de ça victime, arrive au bord de la rivière. 11 appelle à -grands cris le passeur. Un bateau se détache de la rive opposée et vient chercher 1 assassin, qui pose un pied sur ia poupe. Aussitôt la barque chavire et s’enfonce. Les spectres des noyés, procession lugubre et sinistre, montent des profondeurs de l’abîme et flottent sur la surface du fleuve. Soit que l’attention fût concentrée sur ce terrible spectacle, soit que l’inspiration du compo siteur ait fléchi, il est certain que l’effet musical n’a pas été à la hauteur de la si tuation. Le chœur des moissonneurs, qui est au début du quatrième acte, a delà puissance et de la sonorité. Passons sur le duo des deux jeunes filles, et arrivons bien vite au désert de la Crau, l’une des meilleures pa ges de l’œuvre, des mieux senties, des plus délicatement touchées. Le prélude de hautbois est d’une mélancolie et d’une rê verie charmantes. La chanson du pâtre est fort simjfle et fort douce. Mais l’uue des perles les plus fines, des plus admirables joyaux de l’ouvrage, c’est la cavatine de Mireille ; Heureux petit berger ! Cela est...