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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 28 juin 1848

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
28 juin 1848


Extrait du journal

La blessure que le colonel d’Hauteville, représentant du peuple, a reçue à la main droite, à l’attaque de la place de la Bastille, sous les ordres du général Négrier, offre heureuse ment peu de gravité, la balle ayant atteint la partie charnue entre le pouce et l’index. Aux habitants de Paris, un de leurs concitoyens. Paris, 47 juin 1818, six heures du matin. U y a quelques jours à peine, vous sembliez partagés en au tant de camps qu’il y avait entre vous de passions et d’intérêts divers. Chaque jour, créant parmi vous un besoin nouveau, voyait naître entre vous une division nouvelle. Tout était pour vous matière, raison, prétexte à discorde, et, fiers de vos li bertés sans limites, vous avez cru pouvoir tout oser, entre vous, contre vous-mêmes. Un volcan est sorti de ce sol que vous tourmentiez sous vos pieds, le cauon a grondé, la main de Dieu s’est appesan tie sur vous, vous vous êtes battus et tués entre frères, et vous avez trouvé, en présence du danger, dans l’union, ce qui ue manquera jamais à l’union, la force. Je vous ai tous vus réunis contre l’égarement, contre la folie, contre la per versité des conspirateurs et des anarchistes, pour le salut commun, pour le salut de la République. Habitants de Paris ! un gouvernement républicain peut seul soutenir des luttes pareilles sans succomber. Il n’y a qu’au nom de tous, qu’avec le consentement mutuel qu’on peut faire tomber le bras malade pour sauver le cœur et la tête. Rendez donc hommage au principe républicain qui peut teul sortir triomphant de pareilles luttes. Quel homme, en | son nom, au nom d’une famille, d’une dynastie, eût osé l’en treprendre ? Habitants de Paris, l’union ne doit pas faire que la force ; il faut qu’elle fasse aussi la raison, le sang-froid, la patience, U justice. Que serait la force qui ne serait ni juste ni sensée ? Que cette cruelle leçon nous profite à tous ! Soyons hum bles devant ces flots de sang répandu et cette union née de la force ; que la raison, cette raison souveraine que la France a toujours retrouvée dans les périls extrêmes, la conserve. Si la concorde, si la fraternité ne sort pas de cette terre encore rouge et fumante du sang répandu depuis quatre jours pour la purifier,c’en est fait de la liberté et delà société,car il n’y a de liberté et de société possible qu’entre frères. Des lois, fussent-elles dictées par un pouvoir infaillible, ne sauraient unir que des frères. Le chef du pouvoir exécutif vous a conduits, son cœur en saignait, au combat. 11 lui reste, et Dieu lui en donne la force, à vous conduire à la paix. Or, je vous le répète, il n’y a de paix qu’entre frères. Citoyens, la France, la République, la liberté, la société ont été en péril ; c’est le sang de la France, c’est le sang de la République qui coule, c’est le sang de l’ordre social atteint au cœur, comme beaucoup de ses défenseurs. L’union, l’u nion seule peut panser, peut guérir de si cruelles blessures. Unissez-vous donc, non plus pour ou contre un passé dont aucun de nous n’est innocent, mais contre l’avenir, mais pour l’avenir, veux-je dire, dont tous les droits, dont tous les devoirs, dont toutes les garanties sont dans ces trois mots bien compris : Liberté, Egalité, Fraternilé. La République, que tous le sachent, ce n’est pas la satis faction de chacun, ce n’est pas, ce ne doit pas être l’apaise ment de tous les besoins égoïstes, la fin de toutes les intirmités constitutives do notre nature; c’est l’abnégation, c’est l’oubli de soi-même en vue du bien public. Lee conquêtes de la Republique devront assurer, agrandir le bien-être mitériel de ceux que l’ordre de choses avait ou bliés; mais la réalisation de ces conquêtes matérielles ne peut venir qu’après des conquêtes plus précieuses, puisque par elle seulement les autres sont assurées. Je veux parler des con quêtes des droits moraux et politiques qui consacrent l’éga lité de tous les citoyens dans la patrie, et qui, en peu d’an nées, si nous le voulons tous, feront de la France républi caine ia plus grande, la plus enviée et pourtant la plus aimée de toutes les nations. Vive la République! Un combattant de juin. FAITS HIVERS. — PARIS.—La bourse reprendra le cours de ses opérations demain mercredi, 28 juin. — Les classes qui ont été forcément interrompues dans les lycées de Paris depuis le 23 juin reprendront jeudi prochain, 29, comme à l’ordinaire. — On lit dans le Journal des Débats : Dimanche, M. l’ar chevêque de Paris a quitté l’archevêché à cinq heures et de mie, se rendant chez le général Gavaignac, pour lui deman der s’il lui serait interdit d’aller au milieu des insurgés porter des paroles de paix. Le général a reçu le prélat avec les démonstrations d’une vive émotion, et lui a répondu qu’il ne pouvait prendre sur lui de donner un conseil en de telles circonstances ; qu’une telle démarché était certainement très-périlleuse, mais qu’en tout cas lui-même ne pourrait qu’en être reconnaissant, et qu’il ne doutait pas que la population de Paris n’en fût aussi vivement émue....

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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