Extrait du journal

« L’heure que nous traversons est « triste. Un nuage passe sur le soleil. « Est-ce le commencement d’une « nuit? » s’est écrié hier, à Chartres, M. Léon Bourgeois,dans un discours prononcé à la fin d’un banquet. Sans doute, pensera-t on, l’ancien ministre songeait au Panama ? Point ! Le mal dont souffre la République, c’est « le ralliement des monarchistes ». Nous n’inventons rien.Le ralliement et aussi « le cléricalisme », voilà pour M. Léon Bourgeois les deux grands dangers de l’heure présente. Le reste n’est que détail secondaire. Cet état d’esprit est à signaler. Ce serait lui faire honneur excessif que de le discuter autrement que sous forme de « contribution à l’étude de la tératologie morale ». Ceci bien affirmé, M. Léon Bourgeois a in diqué les grandes lignes du pro gramme politique dont, suivant lui, il est nécessaire pour les élections prochainesde poursuivre le triomphe : « lois sociales ; réforme fiscale par l’impôt sur le revenu ; la souveraineté du suffrage universel avec la révision de la Constitution ; réorganisation du Sénat. » Un de ces points avait surtout été développé par lui dans un premier discours prononcé dans l’après-midi. « Il faut,avait-il dit,que ceux qui pos sèdent fassent des sacrifices. Leur fortune sera diminuée d’autant ; mais ils auront une compensation dans le soulagement de leur conscience et se ront relevés à leurs propres yeux. » Il n’a manqué à ce discours que la conclusion contenue dans le refrain d’une chansonnette célèbre qui met en scène un voyageur et un partisan des « revendications individuelles» : ... D’ailleurs j’ai là deux pistolets... — Oui, je les vois ; retirez-les. Ah! monsieur le voleur, Je suis votre humble serviteur....