Extrait du journal

Zigzagué. Quand ils habitaient sur la rive gauche, le bon Willy emmenait sa femme à des dîners que s'offraient, dans les brasseries du puartier-Latin, de très jeunes littérateurs du Mercure de France. Elle avait alors un chat admirable d'opulence, Kiki-la-Doucette, dont Forain s'ooriait en le rencontrant pour la première fois : « C'est Qhauchard ». Il était majestueux et plein de mépris. Elle lui apprenait à jouer aux billes et à sauter par-dessus une canne. Mais Kiki refusait souvent. Alors, elle appelait le jeune secrétaire de son mari, tendait la canne devant lui, et c'était le jeune secrétaire qui, par comipdaisance, sautait tout autour de la chambre. On passa les ponts et l'on s'installa sur la rive droite. Elle avait toujours ses longs cheveux. Survinrent Claudine et Mlle Forlaire : Mme Colette Willy coupa ses cheveux et raccourcit ses robes : le monde entier l'a su, je ne commets aucune indiscrétion. On la vit monter à cheval au Bois à califourchon, tout comme Mlle Rita del Erido, et l'on fut averti, grâce aux cartes postales illustrées, qu'elle avait chez elle, rue de Courcelles, au-dessus de son cabinet de toilette, une salle de gymnastique où, le pied dans les anneaux, eMe « faisait la sirène ». Elle avait toujours eu de l'esprit, saisissant les ridicules des gens, imitait leurs manières, leurs voix d'une merveilleuse façon. Comme les femmes écrivaient, elle voulut montrer qu'elle aussi avait du talent, bien qu'elle ne fût ni duchesse, ni baronne, ni comtesse, et, sans fracas, sans interview, sans confidences retentissantes, elle publia ces charmants Dialogues de bêtes. qui valaient bien autre chose que tous les romans dont les bas-bleus nous accablaient. H y avait bel âge que le monde — ce qu'on désigne sous ce terme vague — la dégoûtait : elle jeta pardessus les moulins le dernier bout de dentelle qui restait à son bonnet, et entra au théâtre....