Extrait du journal

Tous deux ont, en outre, -un autre trait commun. Ce n'étaient pas des souverains absolus cne Frochot, Chabrol et Haussman, mais des monarques constitutionnels, obligés de compter avec une assemblée élue et de régner plus par la persuasion que par l'autorité qui leur était déléguée. On sait quel maître Poubelle fut d'ans cet art difficile; ce professeur de droit toulousain, qui devait finir dans l'habrt brodé d'un ambassadeur, aurait inventé ia diplomatie si la découverte n'en avait pas été faite depuis longtemps. Il cultivait surtout la maladie de l'absence diplomatique, qui s'accordait à merveille avec sa nature un peu nonchalente, appesantie par l'age. Au moindre conflit avec le Conseil Municipal, il disparaissait; une attaque de goutte opportune le retenait dans ses terres, au département lointain où il voisinait avec M. Constain, son ancien collègue de la faculté de Toulouse. Ces deux augures, longtemps rivaux et dont. les circonstances avaient fait de l'un le subordonné de d'autre, se rappelaient ensemble les tannées obscures et la toge abandonnée. Puis quand la crise était passée et les fureurs municipales apaisées pour s'être données librement carrière, Poubelle reparaissait reposé, épanoui dans sa belle barbe blanche et reprenait sans avoir l'air d'y songer -son fauteuil préfectoral, accueillant avec affabilité et 'sérieux les compliments qu'on lui faisait de sa bonne mine. Ce n'est pas de lui que Talleyrand aurait pu dire: « Quel intérêt a-t-il a être malade? » La maladie pour lui était ila durée....