Extrait du journal
Il faut paraître, il est tentant de paraître, il est assez aiséi de paraître, et voici la raison d'une bohème toute autre que celle dont GIatigny nous offre l'image, une bohème qui n'a pas de trous à ses coudes, et qui ne rit pas de sa misère, une bohème qui ne lutte pas pour son idéal, mais pour sa matérielle, une bohème non plus râpée ou dorée, mais nickelée, trempée dans les acides, et qui passe reluisante, rutilante, recouverte de la mince pellicule métallique qui lui donne son éclat élégant, miroitant et glacial 1 Le brillant à bon marché, le chic au rabais, la fashion écono,mique, le signe lumineux qui colore et incendie la façade, unique souci, suprême apparence Bohème nickelée, joyeuse, calculatrice, blagueuse, luttant contre la vie avec des armes d'ironie et de belle allure, ou bien amère, 'désenchantée, rongée de regrets et de souvenirs toutes deux pareilles, cependant. Le monde ne doit voir de cette bohème-là que ce qui appelle le regard, la surface, brasillante, éciatante, illuminée. Plie! plac ! plie ! plac! il faut paraître ! paraître ! paraître !....
À propos
Fondé le 19 novembre 1879 par Auguste Dumont, Gil Blas détonnait parmi les publications du Paris fin-de-siècle. Sa ligne éditoriale grivoise, littéraire et ouvertement mondaine charmait ses lecteurs, souvent citadins.
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