Extrait du journal

— Athéniens, mes amis, déclara-t-il, vous ressemblez étrangement aux vieilles femmes, qui sont toujours prêtes à écouter de folles histoires et à les répéter. Il faut toujours que vous expliquiez les faits les plus simples par des machinations mystérieuses. Vous aimez le théâtre., et vous souhaitez que, même dans la vie, un dieu intervienne toujours pour compliquer l'action ou pour amener un dénouement. Ces puissances supérieures, qui vous semblent nécessaires à la comédie humaine, vous les choisissez naturellement parmi les hommes qui nous gouvernent ou nous veulent gouverner. Vous ne vous lassez point de leur prêter des desseins mystérieux. Vous affirmez qu'ils n'hésitent jamais à -commettre clés crimes, et cependant vous n'ignorez point qu'ils sont, comme vous, de braves gens, qu'ils ont des sentiments tendres pour leur famille, pour leurs ami-s. S'ils n'étaient point dans la carrière politique, vous refuseriez d'admettre qu'ils puissent verser du poison à leurs concitoyens. Parce qu'ils sont en place, vous les accusez quotidiennement d'assassinats. Il serait temps de guérir cette démence. Tout est plus simple, — et vous le savez bien. Les hommes n'ont pas souvent l'horrible énergie qui est nécessaire au meaiirlire. La faiblesse naturelle à vos contemporains suffirait à démontrer leur innocence....