Extrait du journal

Si M. Grévy était sage, ce n'est pas M. de Freycinet qu'il appellerait à la présidence du Conseil, c'est le docteur Charcot. La France, en effet, est atteinte d'une névrose qui fait, chaque jour, des progrès plus inquiétants et réclame des soins impérieux. On avait déjà pu juger de l'état où le mal était arrivé lors de l'attaque de choléra dont Paris fut l'objet l'automne dernier ; cette semaine, sous le coup des nouvelles du Tonkin, l'affection n'a plus connu de bornes et a atteint son dernier période. On a vu une ville entière, la capitale de la nation qui se dit à la tête des autres peuples, prise soudain d'un accès de folie furieuse et délirer à ce point de baisser de trois francs cinquante à la Bourse, sous prétexte qu'une poignée de badauds faisait le trottoir le long du Corps Législatif, alors qu'autrefois la déclaration de la guerre à la Prusse n'avait pas amené une baisse de plus de deux francs à ce même temple de la cote. Il est vrai que le surlendemain, M. Jules Ferry, lançant la flèche du Parthe et se vengeant par une dernière mystification de l'inconstance du suffrage universel, obtenait un franc de hausse à la petite Bourse à l'aide d'un simple écho publié par un journal attaché à son antichambre. Pendant ce temps, il y avait parade publique à grand renfort de lazzi, de joyeusetés et d'éclats de rire à l'endroit même du boulevard qui se dit le centre du Paris intellectuel, et Ton aurait pu croire que la foire au pain d'épice avait émigré, cette année, de la place du Trône à celle de l'Opéra....