Extrait du journal

Il y a quelque temps, Gil filas publiait, dans sa partie politique, une statistique fâcheuse, constatant que la population n'augmentait pas chez nous et que la natalité, comme disent les savants, y était fort au-dessous de la natalité de nos voisins. Cette constatation doit frapper tout le me nde, politiques et moralistes. Les économistes s'en sont particulièrement préoccupés, car les économistes sont les femmes de ménage du pays et la question des enfants ne peut pas leur être indifférente. Une aimable correspondante, que je remercie, m'écrit longuement à ce sujet et me signale, avec indignation, le remède que M. Leroy-Beanlieu propose pour augmenter la population, remède qu'elle estime être pire que le mal. Il paraîtrait que pour combattre l'infécondité française, l'éminent rédacteur des Débats préconise les mariages avec des étrangers. On aurait recours à l'étalon anglais, allemand ou italien pour propager notre race, de même qu'on s'adresse au cépage américain pour remplacer la vigne gauloise tuée par le phylloxera maudit, ou aux taureaux de Durham pour obtenir des veaux de belle venue T Ma chère correspondante, il ne faut jamais s'indigner contre les économistes ! Ils ont la cervelle faite d'une certaine façon, l'absurdité honnête, et Malthus lui-même était le meilleur des hommes. Mais si je ne partage pas votre indignation, je partage votre avis. Nous n'avons que faire des « reproducteurs » étrangers, et les Français feront très bien leur affaire et la nôtre, quand ils voudront....