Extrait du journal

L'Aiglon, comme Ramlet, sent peser sur lui une hérédité redoutable. Comme chez Hamlet, des forces commandent en eui qui ne sont pas de Ilui et qui tyranniquement actionnent des organes trop affaiblis. Pour l'Aiglon en particulier, il est certain que nul être ne fut plus fixement et frénétiquement appelé. La plus énergique volonté qu'ait connu le monde s'employa toute à le produire et, de ce jet de flamme, il naquit, fils de héros dans le sein lymphatique et dans le corps amolli d'une mère sans amour. Mais lorsqu'il eut (après Dieu) formé cette âme, le père dut abandonner à sa lourde autrichienne le soin d'entourer de chair l'étincelle presque divine. De ce mariage ainsi assorti, de cette inégalité entre les parents tare, dont César n'eut pas voulu pour ses chevaux mais qu'il acceptait pour lui-même, l'infortuné Napoléon II devait être l'unique fruit et, jusqu'à si mort, la victime....