Extrait du journal

François de Curel se demande avec une sorte d'inquiétude angoissée s'il y a une solutioli sociale à la question sociale. Vous vous rappelez le Repas du Lion ? Les trois frères Charrier sont, l'un garde-forestier du manoii des Sancy, l'autre ouvrier socialiste, le troisième prêtre et conservateur. Le garde-chasse eL l'abbé aiment la famille des Sancy; l'ouvrier la déleste. Mais le fils du comte de Sancy, Jean, a commis un crime. Hostile à l'introduction d'une industrie nouvelle dans les domaines de son père, il a ouvert une écluse pendant la nuit. Un ouvrier qui travaillait a été surpris par l'eau. Il s'est noyé. Jean de Sanc~ est saisi par le remords : « Je promets devant ce cadavre que je consacrerai ma vie aux ouvriers. Dès demain, je quitterai Sancy ; j'irai travailler à devenir autre chose qu'un enfant faible et volontaire.Des hommes meurent pour nous ; je veux me dévouer à eux. » Alors, il va parmi les villes et parmi les campagnes, discourant et prêchant. Il a les meilleures intentions du monde. Il parle, parce qu'il parle bien. Il compte que la religion fera le salut des prolétaires. Il constitue ainsi le « socialisme chrétien », dont il est déjà ou dont il sera bientôt le chef. Et pourtant, à qui son effort de bienveillance oratoire a-t-il été utile ? Jean reconnait qu'il a été fêté dans les salons, et, comme il est sincère avec lui-même, il n'est pas beaucoup plus fier pour cela. Les geiis...