Extrait du journal

L'auteur, très choyé de ses amis, très « espéré », n'était encore pour le public et pour le monde qu'un jeune homme frêle et myope ; charmant, en vérité, charmant !. Un nez fin qui se courbait, des yeux grands ouverts, comme impatients de la vitre qui les abritait ; des mains fébriles, une chevelure timide qui déjà faisait ressortir le front avec quelque cruauté ; une parole aiguë, lucide, un peu audacieuse, semblait-il, chez un si jeune garçon ; des connaissances acquises à la diable, mais qui s'augmentaient chaque jour ; un besoin- de tout savoir, de tout deviner, de tout comprendre ; une vive intelligence et une parfaite conscience de cette intelligence. De la bonté, de l'ambition, de l'enthousiasme. Du rêve et de la précision., des idées !. Tel était Fernand Gregh, tel était ce jeune homme tout de même bien supérieur aux autres jeunes hommes de son âge ; qui annonçait beaucoup ; dont on se méfiait ; et dont on aimait cependant, ici et là, un peu partout, la tendre animation, les impatiences, la jeunesse. Très guetté, par exemple !....