Extrait du journal

La vieille querelle des anciens et des modernes, où Boileau jeta dans la balance le poids de sa plume un peu lourde, se montrant fort injuste pour Perrault, esprit plus original peut-être que le sien, cette vieille querelle littéraire vient de renaître, dit-on. Du moins on le croit. Le grand maître de l'Université, héritière de la vieille Sorbonne, M. Goblet, prenant un rôle qui a surpris, étant donnée sa charge, a parfaitement laissé entendre, dans le discours de la distribution des prix-au Concours général, qu'il était acquis, pour les trois quarts, aux idées défendues par M. Frary, dans la question du latin. Les réformes qu'il a décrétées, les changements qu'il a annoncés, à vrai dire, ne sont pas radicales encore. Mais on ne peut nier cependant que la guerre ne roit déclarée, par le chef de l'Université lui-même, à l'enseignement universitaire, si on considère que celui-ci a pour fondement les humanités, c'est-àdire l'étude du grec et du latin. Le grec et le latin ne sont pas encore des proscrits. On les laisse vivre. Mais on les regarde comme suspects, on les place, pour ainsi dire, sous la surveillance de la police. Leur utilité est contestée, leur rôle diminué. Ils cessent d'avoir la première part dans l'éducation de la jeunesse. Pour mes confrères du journalisme, je dirai qu'on leur enlève une collaboration régulière et qu'on les met « à la ligne ». On sait ce que cela veut dire ! Poliment on les exclut; on les frappe. Et cette réforme, qui se fait habilement modeste, est, à parler franc, le premier pas d'une révolution....