Extrait du journal

Si j'avais à définir la bohème littéraire, je ne la chercherais pas parmi la jeunesse studieuse de l'empire, qui est devenue la virilité, capable, modeste et modérée de la République ; mais je la trouverais dans cette école, sans scrupules, qui prend les principes pour des préjugés, qui s'affranchit de toute règle, qui vit de sa verve, qui méprise l'art, qui ne jalouse que le succès, qui s'est faite le parasite de Balzac, qui s'engraisse de ce mort, qui n'a aucune originalité, qui quémande, par des nudités brutales, les sourires des blasés, qui n'a ni la gaieté,ni le désintéressement, ni l'esprit français; qui n'est pas une littérature nationale, mais un complot de goujats contre les grands artistes de notre littérature ; qui ne met pas une idée en circulation, qui n'a que la virtuosité des tempéraments et qui ferait bien rire Voltaire, si ce sublime railleur entendait le moins léger, le moins ironique, le moins voltairien des hommes prendre son nom pour enseigne et dire du Voltaire: mon journal !...