Extrait du journal

Chacun sait qu'il n'est pas de journal, au monde, où les choses et les personnes "de la Religion soient plus constamment respectées que dans celui-ci, ni d'écrivain aussi plein de déférence que moi pour tout ce qui touche à une forme de l'Idéal dont aucune métamorphose heureuse ne me paraît avoir été encore .accomplie. Oi donc ne me départirai-je pas-même peur une fois- de cette vénération commune à tous les gens bien élevés, et si je vous conduis dans l'intérieur d'un couvent, c'est que ce couvent est de pure fantaisie et que les nonnes qui l'habitaient, dans un temps et dans un pays .,- que je ne saurais préciser, sont proches parentes de ces aimables nonnes de Poissy qu'Honoré de Balzac immortalisa dans un de ses contes drôlatiques, sans plus attaquer que moi, d'ailleurs, leur ait mable institution. A côté de la farouche légende anti-monacale dont vivent, depuis un siècle déjà, les libres-penseurs sans talent, est une fable charmante de$ béguines d'antan pleines de regrets du monde, facilement hospitalières aux audaces des comtes Ory, vertueuses aveç cela et chantant, d'une voix fraîche comme des voix d'oiseaux en cage, les beaux versets de Matines et les poétiques paroles d'Angélus. Dire du mal de telles personnes ! Allons donc !, C'est avec une ten dresse réservée au contraire que j'évoquerai leur fantôme grassouillet tout enveloppé de voiles, visage encadré de lin et dont le jeune sourire se met à grand'peine à l'unisson des modestieé voulues du regard, corps rondelet perdu dans l'abondance des étoffes mais cependant trahi par leur légèreté, gestes onctuoux tout empreints de Je vous répète, d'ailleurs, que je ne crois pas un traître mot des calomnies accumulées contre ces gynécées monastiques....