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Gil Blas, 14 mars 1900

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Gil Blas
14 mars 1900


Extrait du journal

La princesse Truffaldi retint donc un excellent sleeping, à la Compagnie de P.L.-M., et après avoir envoyé sa femme de chambre dans les secondes, elle s'embarqua dans le train de une heure trente du matin, qui doit arriver le surlendemain à huit heures, ce qui n'est pas encore trop long, surtout avec la certitude d'être bien couchée. La journée se passa tant bien que mal à dire quelques chapelets, à lire, à manger, à rêvasser au passé, tandis que la campagne fuyait devant la portière, au son de la mélopée chantée par les roues du train; quand la nuit fut venue, elle ferma hermétiquement, avec les stores, toutes les glaces, et tous les vasistas, car, en vieillissant, la pieuse dame était devenue d'une prudrerie exagérée. Dans la prime jeunesse, le sentiment de la pudeur existe moins, parce qu'on sait que ce qu'on laisserait voir serait joli ; plus tard il s'aggrave jusqu'à une farouche intransigeance, et l'on cache avec une énergie désespérée des choses fort laides que personne ne demanderait à contempler. Au fond, qui sait, c'est peut-être une des formes de la charité envers le prochain. Malheur à celui ou à celle par qui le scandale arrive, à dit l'Ecriture....

À propos

Fondé le 19 novembre 1879 par Auguste Dumont, Gil Blas détonnait parmi les publications du Paris fin-de-siècle. Sa ligne éditoriale grivoise, littéraire et ouvertement mondaine charmait ses lecteurs, souvent citadins.

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