Extrait du journal

1.>elle fille, qui devint maigre, émaciée et perdit ses cheveux, n'eut d'autre ressource que de s'en aller à l'hôpital. Mais elle en fut tirée bien vite par le jeune peintre Léopold Christmant, dont elle avait été à peu près le modèle unique, la vivante inspiration, et qui, ayant d'après elle imaginé de si belles œuvres, lui avait gardé une vive reconnaissance. Ce puissant artiste, rgui, le menton à peine duveté d'une barbe naissante, gagnait déjà des tas d'or, fit à :ses frais transporter Léo dans une maison de santé où elle eût, avec tout le confortable possible et mille gâteries, les soins des meilleurs médecins, et dès qu'elle fut à peu près guérie, la recueillit dans sa propre maison. Il alla jusqu'à prendre exprès pour elle une cuisinière, et e force de succulents roastbeefs et de vieux bordeaux venu des caves de Magny, hâta la convalescence du modèle. Une fois sauvée, remplumée, redevenue belle grâce à une incroyable force de vitalité, Léo retourna chez elle et se remit au travail ; mais le plus souvent possible et toutes les fois que ses séances lui en laissaient le temps, elle venait chez Christmant, s'asseyait par terre sur des coussins dans un coin de l'atelier, et restait là, même quand te peintre avait d'autres modèles de femme ou même recevait ses maîtresses ; car iout en l'ayant si généreusement sauvée, il s'était habitué à traiter Léo sans aucune importance, et à l'oublier dédaigneusement, comme une chienne fidèle....