Extrait du journal

A l'une des plus récentes représentations de la Tour de Nesle, je me trouvais assis, aux fauteuils d'orchestre, à côté de mon très vieil ami Ludovic Sarre. Bien qu'il soit arrivé à la richesse et à tous les honneurs auxquels peut prétendre un écrivain, cet ancien romantique est resté féru de la poésie, et volontiers donnerait son plat de lentilles pour une rime ingénieuse et inattendue. C'est pourquoi je ne me gênais pas devant lui, et je donnais un libre cours à ma joie. En effet, c'était pour moi un immense plaisir de revoir si magnifique -et splendide la pauvre tour que j'avais vue tant de fois abandonnée et misérable, et d'admirer les costumes somptueux, les joyaux, les riches armures, dont avec le secours de l'habile artiste M. Thomas, le généreux Duquesnel a revêtu les personnages du vieux drame illustre. Je ne cessais pas de m'extasier et d'exprimer vivement mon enthousiasme : cependant il me sembla que Ludovic Sarre le partageait sans flamme et avec une froideur relative. Et comme je lui en faisais le reproche :...