Extrait du journal

Tout fleuri de rubans, tout rubannéde fleurs, comme a chanté Richepin depuis.C'était un dimanche d'avril, le printemps débutait, et ce prologue de l'été se jouait dans du soleil ; parmi les branches gonflées desève, aux bourgeons craquants, les oiseaux gazouillaient, et, chargée de parfums, une brise fraîche montait de la Seine, friselant les feuilles, bousculant les papillons; lui avait trompé la surveillance paternelle, avait fui l'étiquette ennuyeuse du château ; elle — son nom ne se trouvait pas sur l'affiche pour le soir de ce beau jour — était libre ; et ils avaient gaminé, mais oui, ils avaient osé J'asseoir dans l'herbe, réciter des vers, le voler des chatouilles et des bécots, puis,insoucieux de toute dignité, aller dîner sous une tonnelle du côté de Meudon, dans une guinguette où des canotiers chantaient ; et le retour, la nuit, avait été charmant, avec des peurs, des frissons, le long de l'eau noire que diamantaient les étoiles....