Extrait du journal

— Oui, je t'admire, lui disait son amie; je t'admire et je te trouve incompréhensible. Pour moi, pour presque toutes les femmes,un malheur comme celui qui fut le tien change le cours de la destinée, quand il ne l'interro mpt pas brusquement. Si je ne savais pas que tu as épousé ce pauvre Lucien par amour, je croirais presque, ma bonne Claire, que tu es heureuse d'être veuve. Voici quatre ans qu'il est mort, tu as quitté tes vêtements noirs pour ne pas attrister les yeux de Georgette et de Louis, car il ne faut pas rendre les enfants mélancoliques de trop bonne heure: la vie s'en charge bien sans nous. Mais tu as l'air de te complaire dans ton veuvage, et tiens ! en ce moment, je lis dans ton regard une sérénité,une satisfaction souriante, qui te rendent peut-être plus belle, plus jeune qu'il y a six ans, lors de ta blanche journée de noces. Comment fais-tu ?...