Extrait du journal

Voici Paris entré dans une des phases les plus désagréables de l'année : la phase des emballages, des adieux et des départs. Connaissez-vous quelque chose de plus insipide que les quelques jours qui précèdent un long déplacement et pendant lesquels on vit chez soi, en plein Paris, au milieu de meubles recouverts de housses, de glaces et de candélabres voilés de gaze argentine, d'objets d'art entourés de papier de soie et de malles à demi-remplies comme dans un campement de bohémiens ? Y a-t-il rien de plus lugubre que ce remue-ménage, ce vide odieux qui donne à votre maison l'aspect d'un bivouac pris d'assaut par l'ennemi et vous occasionne par moments, quelle que soit la dose de philosophie dont vous soyez doué, une partie des émotions de l'homme qui survit à sa ruine ?...