Extrait du journal

Ah ! le brigand d'Italie, le bandit italien, quelle admirable invention. La Suisse n'a pas de brigands, dans ses gorges aimables, et c'est pour cela qu'elle est fade. Tandis que si vous errez à travers les Abbruzzes ou en Calabre, dans un vetturino monté sur de hautes roues, vous ne savez jamais si vous arriverez au port, ei à quelque coin de roche vous ne le verrez pas apparaître, le redoutable, l'indispensable bandit ! Vous en guettez à tous les coins de bois, dans tous les ravins, le chapeau pointu, la souquenille vineuse, la veste courte et le fusil tromblon. Cette crainte et cet espoir de le rencontrer entretiennent une délicieuse angoisse. S'il allait survenir, massacrer le conducteur, arrêter les chevaux, et nous enlever, ligotté, bâillonné, dans ses montagnes, d'où vous ne sortirez que moyennant rançon ?. Le bandit, c'est tout l'imprévu du voyage. L'agence Cook, bien dirigée, en devrait procurer la rencontre, pour un petit supplément, comme elle fournit la table, le coucher et l'interprète....